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Citations de Bernard Magnier (33)


Mon pays est une musique

Mon pays est une musique que j’entends quand je n’entends plus rien.
Mon pays est une couleur où plonger est mon bonheur.
Mon pays est une musique qu’un enfant a jadis cachée dans une conque.
Mon pays est une conque. Y habite une huître dont le destin est un métier.
Mon pays est une musique. Tu l’écoutes quand je l’entends la mer vient.
Mon pays est un nombre. Dix couteaux impitoyables dans mon cœur consentant.
Mon pays est une musique. Dieu lui-même n’empêchera mon cadavre de l’écouter.
Mon pays est un nom. Le seul lieu que j’aime parce que je t’adore.
Mon pays est une musique. Ce son à nul autre pareil je le veux perpétuer.
Mon pays est un prénom qui m’empêche de mourir. Le tien, ô rose de mon sang!

Mario Fonseca (né en 1939, Cap-Vert)
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Le silence du poète

Le jour où vous voyez un poète qui se tait
Ne soyez pas fâchés, il parle en son cœur.
Le jour où vous rencontrez un poète qui ne parle pas,
Ne soyez pas fâchés, il parle en son cœur.
Mais qui connaît les pensées du poète?
Qui peut connaître les pensées dans le cœur du sage?
Qui peut connaître le chant au bord des lèvres du chanteur?
L’eau qui n’impressionne pas le fermier,
Peut atteindre le cœur du poète, devenir océan,
Elle peut atteindre le cœur du poète, devenir lagune,
Et la tempête qui connaît l’océan et la lagune,
Peut atteindre le cœur du poète
Et devenir brise.
Le cœur du poète accepte la lie.
Et il accepte le limon
Et l’eau claire de la source.
Mais si vous rencontrez un poète
Qui a la tête à l’envers et se tait
Ne soyez pas fâchés, ne dites pas de mal de lui,
En son cœur, le poète parle.

Ewi Adebayo Falei (né en 1935, Nigeria)
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Cette année
j'ai vu dans tes bras
un enfant qui fait l'amour
avec le mot « maman »

Massa Makan Diabaté
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Envoyez-moi des nouvelles

Envoyez-moi des nouvelles
Des nouvelles de notre terre
Sans Nord et sans Sud
Envoyez-moi des nouvelles de notre terre
De notre terre que je veux prendre
Dans mes bras tout comme le vent nu
Qui porte mon chant
Aux confins de l’aurore
Envoyez-moi des nouvelles
De nitre terre
De notre terre que je veux
Porter parmi les soleils
Parmi les fleurs
Libre comme mon corps
En transe
Libre comme le temps
En friche
Envoyez-moi des nouvelles
De notre terre
De notre terre de diamant
Et de vent

Paul Dayeko (né en 1948, Cameroun)
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Ne jetez rien après les massacres. Recyclez tout.
Les squelettes serviront de matraques. Nos corps
Nos sacs à muscles. Libérez -nous du nerf.
La liberté n'attend personne
en position foetale

(Hyam Yared p.101)
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Des fleuves parlent

Que les joncs couvrent mon corps,
mes pieds, mon visage,
que personne ne surveille
quand j’écoute en silence l’eau
des fleuves qui me parlent.

Le son des cailloux
quand ils frôlent l’eau,
ce sont des baisers de soir et de lune,
et des baisers d’aube.

Un jour, quelqu’un m’a dit
que les fleuves ne parlent jamais,
qu’ils suivent simplement leur cours
et qu’ils s’échappent sans paroles.

Comme je fus triste ce jour-là
quand j’ai entendu ses mots,
je suis partie en courant vers le fleuve
pour qu’il m’explique
pourquoi je l’entends si clairement
et d’autres ne l’entendent pas du tout.

Raquel Tonde (née en 1939, Guinée-Équatoriale)
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La source tarie

Je n’ai plus rien à chanter
Il ne me reste rien à danser

Mes émois mes sarcasmes d,enfant
Mes peines mes larmes refoulées
Mes lumières mes orages fulgurants
Ma hargne mes faiblesses bâillonnées
Mes angoisses mes temps forts
Le temps de mes refus d’homme
La densité de mes retours pantelants

Vous avez tout dit poètes inspirés
Je n’ai plus rien à chanter moi
Vous avez dit tout tout dit tout
Il ne me reste rien à danser

Mes contes mes légendes
Les mystères de Casamance
Les fauves de ma savane
Mes fleuves les brumes mes soleils
Les feux de brousse nos antres tutélaires
Tout tout dit

Je n’ai plus rien à chanter
Il ne me reste rien à danser

je vous tends les bras le cœur
Et ma muse fervente
Confondus dans vos chants
D’avant l’aurore.

Malick Fall (Sénégal, 1920-1978)
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Poème de la mer

Le drame de la mer
L’inquiétude de la mer
toujours
toujours
au-dedans de nous.

La mer!
Elle qui ceint nos îles
et les tient captives
rongeant les rochers de nos îles
laissant l’émail de son salpêtre sur les traits des pêcheurs
grondant sur les sables de nos plages
sa voix souffletant les montagnes,
berçant les barques de bois qui longent ces rivages.

La mer!
Aux lèvres elle met des prières

laissant aux yeux de ceux qui sont restés
la nostalgie résignée des pays lointains
qui nous parviennent par le truchement des illustrés
et des bandes cinématographiques
et dans cet air d’autres climats qu’ont les passagers
quand ils débarquent pour voir la pauvreté du pays!

La mer!
C’est l’espérance de la terre lointaine
qui peut-être jamais n’arrivera!

La mer!
Nostalgies des vieux marins contant des histoires d’autrefois
histoires de la baleine qui un jour renversa le canot
de beuveries, de rixes, de femmes,
dans les ports étrangers…

La mer!
Au-dedans de nous
dans le chant de la morna
dans le corps des filles brunes
dans les cuisses agiles des Noires,
dans le désir de voyage qui peuple les songes de tant d’êtres humains!

Ce geste d’invite qu’à toute heure
nous fait la mer vers l’évasion
ce désespoir de l’envie de partir
alors qu’il nous faut rester!

Jorge Barbosa (Cap-Vert, 1902-1971)
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Ressac

Que viennent toutes les voix et toutes les rumeurs et les cris
que viennent les silences compatissants, les silences satisfaits
que viennent toutes les choses que je ne peux voir
à la surface de la société des hommes;
que viennent tous les ables, limons, fragments de roches
que la sonde recueille dans les océans navigables
que viennent les sermons de ceux qui ne craignent pas
le destin de leurs proches;
que viennent la réponse captée par ceux qui disposent
de détecteurs appropriés;
que tout revienne au point de départ
et viennent les odes des poètes,
que les poètes se confondent avec la respiration du monde;
que viennent tous autour de la ronde des pécheurs
que les hommes deviennent créateurs;
que vienne tout ce que je ressens comme vérité
au-delà du cercle terni de la vitre…
J’attendrai religieusement le trésor
que m’apportera la vague maritime…
La terre où mes genoux en douleur s’écrasent
est ma certitude fondamentale
mais j’éclairerai de ma lanterne aux mille couleurs
ceux qui viendront
et ils me trouveront sur la ligne de toutes les batailles.

Oswaldo Alcântara (Cap-Vert, 1907-1989)
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Changement de vitesse

Moi qui nage
Dans un rêve furtif
À l’écoute du cri fou et muet de l’esprit.
Puisque la couleur est absente
Je peindrai ton tendre visage
D’un souffle sans couleur,
Avec des doigts-grappins sur un chevalet vide de couleur,
Sous la courbe calme de tes cils
Deux simples, noirs et terribles points,

Toi dont l’amour n’a jamais vacillé
Toi pour qui à jamais je m’ouvre et me fêle
Du bout de ma langue altéré.

Solomon Deressa (né en 1937, Éthiopie)
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C’était au premier matin
du monde
et l’histoire e disait encore en pointillés
dans nos mémoires pleines de rosée
C’était au premier chant du coq
au premier matin du jour le plus long
et nos pas d’averse matinale
nos pas d’herbes folles
nos pas de sentier mouillé
jubilaient sur la peau ondulée
du macadam capricieux
Alors la ville aux mille étoiles de lagune
la ville aux deux collines
aux quatre plateaux
la ville aux vingt bidonvilles
s’étonna
au sortir de son rêve de grandeur
du mouvement incessant du vent matinal

Tanella Boni (née en 1954, Côte-d’Ivoire)
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Apprends-moi

Apprends-moi
L’air des prairies bleues
Et souffle à mon oreille
Ton haleine princière
Il y a tant de mots
Sous la poussière
Tant d’amours
Dans les tiroirs
J’ai mal à croire
Que les feux de brousse
Sont éteints.

Véronique Tadjo (née en 1955, Côte-d’Ivoire)
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Fleurs et fruits, bouches et baisers.
Solitaire, à la recherche de la liberté et de la folie.

Sarcophages et asiles sont des murs
où l’âme se surprend
et surprend objets et animaux.

En chacun de nous, l’art est feu.
Des fantaisies, des alchimies, des géométries
renaissent par milliers
dans la solitude.
La lumière explose dans l’exactitude du mot
qui se libère, qui fuit. Voluptueux, il se replie,
fasciné par l’avidité de celui qui lit.

Virgilio de Lemos (né en 1929, Mozambique)
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Vous avez pris nos corps et les avez flagellés. Vous avez pris nos mains et les avez entravées. Vous avez pris nos jambes et les avez ligotées. Vous avez pris nos bouches et les avez baillônées. Vous avez pris nos coeurs et les avez essorés. Vous avez pris nos ventres pour y creuser des gouffres. Vous avez pris nos vies et joué de nos envies. Vous avez pris nos aspirations et les avez broyées. Vous avez pris notre air et l'avez pollué. Vous avez pris nos mots et les avez pervertis. Vous avez arraché notre verbe et soufflé la haine dans nos veines. Vous avez épouvanté les faibles et terrorisé les poètes. (p.24, Yahia Belaskri)
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Admirative devant le courage des peuples qui occupent les rues, mais triste de penser que les rues et les places ne sont en réalité que d'énormes échiquiers sur lesquels se jouent les vraies batailles des grandes puissances qui n'ont pour éternels objectifs que de s'enrichir toujours et encore. (p.51, Wahiba Khiari)
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Rien ne pourra effacer 2011. Ni les vertueux, ni ceux, et ils sont nombreux, qui veulent gâcher la fête. Cette année restera, vaille que vaille, celle où des hommes et des femmes n'ont plus eu peur et ont commencé à pousser vers la porte un ramassis de bandits et d'escrocs qui les avaient longtemps brutalisés. (p.17, Kebir Ammi)
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Maxamed Xaashi Dhamac Gaarriye (1949-), poète somalien


Kudu (Conte)



Quand j'étais enfant,
mon père m'a raconté une histoire, une après midi.
Nous nous étions installés
à l'ombre d'un arbre
et il commença son récit :

"Il y a bien des saisons humides,
vivait ici un roi
sur le crâne duquel poussèrent des cornes.
Ce n'était au début que des bourgeons,
, mais il les examinait chaque jour et prit peur.
Il décida que personne ne devait le savoir.
Il se mit donc à porter un large turban pour cacher
cette souillure, pour cacher cette marque honteuse.

Mais un roi, bien sûr, ne se lave pas les cheveux lui même
Un des serviteurs découvrit le secret du roi,
et jour après jour cette connaissance grandit
en lui et le rongea ; une parole devait être dite,
un terrible secret devait être divulgué.

Le serviteur voulut révéler l'affaire mais tous lui dirent :
tu te trompes.
Il répondit : non.

Ils dirent : les morts gardent bien les secrets. Il se pourrait qu'on t'égorge,
si tu insistes...

Ainsi le danger se tourna vers lui, car il lui fut interdit de parler.

Il y avait des gens, il le savait, qui se repaîtreraient d'une telle nouvelle,
mais son pain quotidien restait coincé dans sa gorge.
Il y avait des gens, il le savait, qui rêvaient d'une telle nouvelle,
et il dormait sur des charbons ardents.

Alors, une nuit, n'en pouvant plus,
Il quitta sa demeure, s'enfuit du village, et marcha
kilomètre après kilomètre dans un torrent de ténèbres.
Il erra jusqu aux buissons, jusqu'aux mares; dans la pénombre,
l'aigle prit son envol, et la douce gazelle s'enfuit.
Il s'assit auprès de l'eau
et pensa : " Il fut un temps où de telles choses
pouvaient être dites ouvertement. Oui, il fut un temps
où même au plus pauvre on pouvait dire la vérité."

Quand la lumière du jour vint illuminer les arbres, il creusa
un trou sous un arbre, avec ses mains, profondément,
comme une bête creuse un terrier
et plaça sa bouche dans le trou qu'il avait creusé
il murmura son terrible secret à la terre :
"Le Roi Gooja, le Roi Gooja a des cornes.
Des cornes comme celles du Kudu. Le roi a des cornes !"

Ne m'interrompt pas, dit mon père.
Ne me demande pas s'il te plait ce que veulent dire ces choses là.
Ce n'est qu'une histoire que j'ai hérité de mon père,
et qu'il a hérité du sien.
Veux tu savoir comment l'histoire se termina ?
Alors écoute : Quand l'homme eut raconté son histoire à la terre,
le fardeau lui tomba des épaules, et il se sentit léger.
il dépoussièra ses loques, se remit en marche s'éloigna.

Et voici le point le plus étrange de l'histoire :

Aujourd'hui encore, quand la douce pluie tombe sur cet endroit près des buissons,
l'endroit exact où le serviteur avait enterré son secret,
des cornes de Kudu émergent du sol.





Traduit de l'anglais par E. Dupas
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Elhadi Adam Elhadi (1927- 2006), poète soudanais.





Je ne disparaitrai pas





Que se passerait-il si ma vie prenait fin
et mon coeur cessait de battre,
avec mon âme volant
à travers les cieux comme un aigle ?
Pensez vous que la vie poursuivrait son agitation
avec toute la perfection -que j'ai connu- de son système,
Ou qu'un désastre viendrait frapper le globe et l'emporter en un instant ?

Non, rien; mais le monde sera plein
de plaisirs et de toutes formes de tentation.
Beaucoup continueront à jouer,
à attendre la venue de l'aube,
à répéter à haute voix la mélodie,
à raconter le matin aux fleurs.
et mon vrai frère
gardera le souvenir de moi,
pérennisant notre vieille amitié.

Je sais ce qui se dira demain.
Et je ridiculiserai ces propos depuis ma tombe.
Ils diront -quand je mourrai- : son décès
a rendu heureux le président, et lui a donné la vie !





Traduction de l'anglais par E. Dupas
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Tabon Lo Liyong (1929 -), poète soudanais





Ceux là qui implorent la pluie...





Ceux là qui implorent la pluie
doivent souhaiter la bienvenue à l'inondation


lorsque tu désires quelque chose
et la désires passionnément,


Le Dieu qui se terre derrière la maison
entends toutes tes prières
il a ses drôles de manières d'agir
parfois il ignore tes souhaits
parfois il les exauce tardivement
et d'autres fois il remet la réponse à plus tard



quand il s'éveille du mauvais côté du lit
il surcompense pour excuser son retard
et urine partout sur le sol



Tes reproches tes applaudissements, tes scrupules sont sans effet sur lui.

Pour qu'il agisse, il est pour lui suffisant que tu cries



Ton pas en avant en pensée est entièrement ton péché.


Les mondes avec lesquels tu peuples ton jour
sont le fief où il règne en souverain.

La porte détraquée l'accompagnera à l'intérieur.

Quand la minijupe fendue offre prise à l'oeil
un autre monde éclot, plus réel que le rêve
le monde par delà la nuit devient plus réel

L'évolution a enseigné à l'homme de s'allonger sur le dos
et regarder avec Jacob les gobelins qui descendent l'échelle...

lorsque nous mourons, nous devenons des flocons survolant
nos chemins

dedans et hors les rêves et la fantaisie

habitants des interstices du temps
faisant des apparitions d'invités
dans les arènes des rêveurs





traduit de l'anglais par E. Dupas
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Niyi Osundare (1947-), poète nigérian

L'avez vous vue



L'avez vous vue celle

qui a ouvert ma poitrine

et pris mon coeur



elle

d'yeux merveilleux

et d'appâts bondissants



dont la voix est plus douce

que le son

des eaux riantes



dont l'esprit est

aussi aiguisé

qu'un proverbe fraîchement rôdé
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