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Critiques de Berthe-Corinne Le Barillier (3)
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Romans fin-de-siècle : 1890-1900

Albert est l’itinéraire d’une imparable décadence, une anti-évolution fatale et résolue, une cacobiographie dénaturée, à laquelle condamne la conscience hyperesthésique de la réalité blanche sans ambages, sans illusions et sans symboles.

Premièrement on naît et vagit : c’est hasard entropique, qui est-on pour naître ? Où voit-on qu’il y réside un mérite ou une destinée ? Toute généalogie est sérendipité.

On éprouve et on témoigne : faible évangile au regard du siècle insignifiant et bête où l’on existe. C’est assez laid et morne, tout cela ; ça obéit à des règles plutôt stupides, tout compte fait ; il faut tout rehausser de beaucoup. C’est objectivement une affaire, rien de plus, et pourtant une entièreté, une finitude, un vide profond dans de certaines formes superficielles – couleurs et mouvements. Esquisse sale et mal faite. Un défaut, une approximation, un malentendu, avec de rares velléités exagérément vantées, idéalisées, aisément abattables. Des préjugés de beauté – surestimes par aveuglement ou par consolation.

On simulacre et on carriérise : compromissions avec le temps, insinuer douceâtrement sa place, usurpant et copiant d’officielles vertus. S’oblitérer suffisamment le souhait et s’altérer la conscience pour se trouver de l’estime, omettre et évacuer le dégoût. Gratter le pur, les parois, comme dans un trou tiédi. Se blottir, se confire, s’accommoder de la contagion du corps faufilé. Confiteor et confitures : prier avec du sucre.

On naufrage et on agonise : dans ce pot, parmi des millions d’étagères, bof et zut. Et le local chuta : bruit net de verre et de l’organe séché qui s’écrase, un impact d’une provisoireté patente et incontestable, fracas mou sans écho. La mémoire ? Peuh ! qui s’intéresse longtemps à une conserve ? C’est tombé, voilà, on a plutôt après ça son récipient à maintenir près du mur, le plus loin possible du précipice. Se figurer boîte infrangible, et, pour cela, déconsidérer avec l’oubli les relativités chues.

Tout événement constitue l’arbitraire prétexte pour entretenir la rétention d’un soupir d’à-quoi-bon. On n’apprend guère : tout est déjà su, au fond, on ne fait que se renseigner sur des ordres et des hiérarchies différents, étrangers, arbitraires. Si on s’exalte par saccades : élans factices, comme l’autruche battant des ailes, on n’ira point plus haut. Lire Shakespeare, se croire Roméo : mais Roméo est une baudruche exhaussée par un vent, de l’enflure soufflée par une certaine convention qu’on aime à reconnaître pour se rassurer à défaut d’autre modèle, à défaut surtout d’imagination réelle, à défaut d’un véritable ailleurs de l’âme. On n’a toujours que les valeurs où l’on a traîné et que l’on a trop traînées avec soi, comme des parfums fanés et puants.

Albert doit choisir, comme tout le monde, parce qu’il faut. Pas dépressif, lucide, désir d’idéal par envie de sens, et puis juste pion, poète, hédonique, pessimiste, catatonique et enfin mort. Une succession, pas un parcours, moins un itinéraire. Tout raté, pas moyen d’accomplir quelque chose : le monde est trop bas et le sens trop haut. Décalage de l’être à la société comme de l’être à l’au-delà. Pas même pathétique, l’émotion se mérite, ici rien de transfigurable, rien d’une jésucrucifixion. Une drôle d’impasse, sans plus, sans sublimité, fatalité sans fatalisme : la vie comme état inchangeable, comme définition inflexible, avec, à cause de la vitalité, de très vaines tentatives de dépassement. Des curiosités successives, échouées et pas même tellement décevantes. Il fallait tenter et voir : impulsion, réflexe, instinct, sans plus. Le médiocre fatidique n’est jamais tragique, comme tout ce qui se regarde de loin et avec ennui. Une mécanique. Ça bouge et ça cesse de bouger.

Et ce style assorti : Dumur goûte la dénaturation du langage, l’anti-spontanéité du verbe, souvent plaisamment excentrique ou profondément poétique, léger ou bien lourd – comme le fond. Pas naturel : mainte expérience, ni fluide pour l’esprit, pas d’habituation – littéraire. Des artifices élaborés, sapience de savantasse, mot déplacé, déparé, résistant à l’entrain, examiné – dissection. Spirituel et monstrueux. Évidemment, c’est un roman sur rien autant que sur le rien, sur l’anéantissement de l’essor, invariable annonce d’échecs désémus, intrigue sur la négligence délibérée d’une histoire, où tout ramène au sentiment d’une étrangeté, d’un dérangé, de l’idéal même d’une fiction, récit systématiquement inutile – de l’art, démonstration de style, insuffisant car œuvre uniquement sur l’insuffisance foncière d’exister, ontologique essence de vanité avec sa forme exactement congruente, contenant ensemble sa beauté intrinsèque et son défaut ad hoc.
Lien : http://henrywar.canalblog.com
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Romans fin-de-siècle : 1890-1900

Indispensable pour toutes les amoureuses de littérature fin-de-siècle. Belles présentations de Guy Ducrey. Et puis, les bouquins sont gros ! J'aime !
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La Danseuse de Pompéi.

Lors de la fête des vendanges, Hyacinthe, camille du temple d'Apollon issu de la riche famille marchande des Vettii, tombe amoureux de Nonia, petite danseuse publique qui offre ses services lors de banquets chez des particuliers. Il est déchiré entre son amour charnel pour la jeune fille et son amour spirituel envers le dieu. Contrairement à ses concitoyens, l'adolescent aspire à une vie de pureté dont il trahit l'idéal en cédant à sa passion pour la jeune fille. Leurs amours secrètes sont par ailleurs menacées par le peintre Ludius, rival humilié par la danseuse et qui ne songe qu'à se venger de son rejet...

La Danseuse de Pompéi est un roman antiquisant, genre alors à la mode à la fin du XIXème siècle; l'auteure s'inspire des catalogues publiés sur les fouilles archéologiques de Pompéi pour offrir un cadre à son histoire.

En 1894, soit 5 ans avant l'écriture de ce livre, la maison des Vettii est mise au jour dans les ruines de Pompéi et son excavation dure 2 ans; c'est l'une des maisons les plus belles du site et parmi les plus abondantes en tableaux et figures mythologiques ainsi qu'en sculptures en marbre et en bronze; elle est aussi exceptionnelle pour son architecture elle-même.

Le héros sera donc l'héritier de cette villa, propriété de deux riches marchands, ce qui permet à l'auteure de broder une histoire autour de cette découverte archéologique. Jean Bertheroy est très bien documentée, cela se sent et lui permet de donner de longues descriptions fidèles à la réalité par l'intermédiaire d'un autre de ses personnages, Ludius le peintre, chargé d'orner les murs de la villa de somptueuses fresques, que l'on peut toujours admirer de nos jours.

Si au niveau des décors et de l'architecture, les descriptions sont réalistes, il en va différemment du reste. On sent que l'auteure porte un regard fantasmé sur les moeurs des Pompéiens; il faut dire que la Rome décadente se prête à ce genre de poncifs sur le luxe et la luxure joyeuse, où l'on pouvait s'adonner à la débauche sans le remords du péché. Des inexactitudes, des anachronismes parsèment de-ci de-là le récit. De plus, il y a des résonnances très chrétiennes dans ce roman : ainsi, le prêtre du temple d'Apollon s'appelle Chrestus, et le culte rendu au dieu solaire fait penser à celui des chrétiens : "... le chant mystique commença (...) proclamait le dogme initial de la doctrine, la naissance d'Orphée; Orphée, verbe d'Apollon, sauveur mélodieux des hommes, de qui le sang injustement versé libéra la terre des horreurs des ténèbres et du chaos. Quand la dernière strophe de l'hymne eut révélé cette incarnation mystérieuse, les initiés se levèrent et acclamèrent le Rédempteur en ces termes : "Salut, nouvel Epoux ! Salut nouvelle Lumière !" - Et ils s'embrassèrent en signe de paix."...

Pour conclure, un roman qui tient plus du fantasme par certains aspects que de la reconstitution, même si certaines descriptions se veulent fidèles et nous emportent par leur beauté et leur poésie dans cette cité disparue . Le style de l'auteure possède un charme suranné qui rend la lecture très agréable; malgré tout le souvenir ne restera pas impérissable et s'effacera certainement au fil du temps.
Lien : http://parthenia01.eklablog...
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