Bertrand de Saint-Vincent est un journaliste et chroniqueur littéraire, rédacteur en chef au Figaro. D'abord journaliste au Quotidien de Paris, Bertrand de Saint-Vincent tient depuis 2008 une chronique mondaine quotidienne dans Le Figaro. Nocturne français, son dernier ouvrage vient de paraître.
Cet ouvrage est un recueil de chroniques, de trois à cinq pages, réparties en cinq thèmes ayant pour sujet : les écrivains et le monde de l’édition ; les people, gens de la mode, de la politique, grands patrons… ; le monde des arts, artistes plasticiens, architectes… ; le cinéma, avec ses acteurs, son festival de Cannes… ; et enfin quelques séjours aux quatre coins du monde.
Chroniques, billets mondains, l’auteur circule de cocktails en galas caritatifs, de réceptions en avant premières, d’expositions en dîners ; chaque ligne nous fait croiser le nom de ces gens que nous ne connaissons que par la presse ou la télévision, certains nous sont parfaitement inconnus mais ils sont aux manettes dans leur secteur d’activité. Pour pas un rond, vous frayez avec la crème du gratin de ce monde.
Et l’on s’amuse ! Bertrand de Saint Vincent a la plume facile mais sous son écriture de velours la critique est acerbe. Les vacheries se faufilent entre les rosseries pour échapper à la pluie de flèches assassines qui s’abat sur tout ce beau monde. Les bons mots se succèdent à un rythme infernal : « Les tubes des chanteurs de variété sont les marque-pages de nos existences » pas mal, non ? Plus rude : « La plupart des robes sont en taille 44. En en voyant certaines, on comprend pourquoi Régine ne sortait que la nuit. » Allez, une dernière pour la route : « L’ex-champion de tennis Henri Leconte, plus redouté pour son bras gauche que pour l’hémisphère droit de son cerveau… » J’ai particulièrement adoré le premier chapitre consacré à nos chers (?) écrivains, Angot, Houellebecq, Iacub, Modiano…
Il y a aussi de beaux hommages pudiques à quelques disparus, Wolinski etc.
Il est vrai qu’on pourrait facilement qualifier notre homme de vieux réac, si la formule avait encore cours. On peut d’ailleurs ne pas être toujours d’accord avec ses propos mais il est très difficile, néanmoins, de ne pas sourire à ses piques.
Pourtant sous cet allumage général, ce regard désabusé, ce « hâtons-nous d’en rire avant d’en pleurer », se dissimulent mal, les réflexions d’un homme qui voit s’éteindre un monde ancien, la mélancolie de voir disparaître un certain esprit à la française.
Un livre drôle et plein d’élégance pour estomper une tristesse inexorable.
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Ce recueil de nouvelles de Bertrand de Saint Vincent manifeste l'acuité visuelle de son auteur couplée aux mots qu'il choisit savamment. Cette précision du verbe concourt à exprimer avec finesse des atmosphères empreintes de légèreté, d'élégance, de divagations, de nostalgie (sans regret).
Un regard porté sur l'Homme, les travers de notre société, le passé sans entrave pour ce qui est à venir. Le tout est servi par un humour finement présent.
La ronde, Cul sec, Le purgatoire, Do not disturb furent mes préférées. Touchée par la dernière.
Belle découverte de ces nouvelles dont on pourrait trouver une suite à certaines.
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[Reçu dans le cadre d'une Masse Critique, merci aux Editions du Rocher]
Un ouvrage excellent !
Je n'ai pas l'habitude de lire des nouvelles, mais pour celles-ci, je suis convaincue. La langue est belle et nous emporte sans attendre dans le sud de la France, l'auteur ressuscite avec adresse sensations, lieux et personnages, dans une esthétique qui, effectivement, fait penser à une "Grande Belleza" littéraire.
Parfait à savourer pour une fin d'été au soleil, ce petit livre contient la juste pointe de mélancolie qui accompagne la transition avec l'automne.
Je le conseille sans modération aux nostalgiques, aux sudistes, aux élégantes, aux dandys, aux Anglais, et à tout ceux qui ont un goût certain pour la beauté, le luxe, les voyages, l'art de vivre... Bref, tous ceux qui se sentiraient chez eux au Georges V ou lors d'une croisière sur le Nil en compagnie d'Agatha Christie.
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J’ai picoré dans ce livre avec plaisir, allant d’un auteur à l’autre, changeant de siècle et revenant au précédent.
Ce qui m’a également plu, c’est de pouvoir lire des auteurs que je n’aurais sans doute jamais approché ou de retrouver des références survolées autrefois. Ainsi, Paul Valéry et ses élucubrations sur les écrivains me tire toujours des sourires tant il est extrême. Je n’avais jamais lu non plus Barrès ou Bernanos et c’est une façon de les découvrir.
La préface de Jean d’Ormesson apporte un petit plus, même si d’Ormesson est égal à lui-même, avec toujours autant d’emphase.
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