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Citation de enjie77


Ainsi vont les grandes calamités, ça couve dans les entrailles de la terre, un jour ça se fissure dans un coin, un soir ça grince quelque part dans l'édifice, on soupçonne une possible ruine, on commence à croire que ça peut sauter d'un moment à l'autre, et le temps de se donner une raison d'espérer, tout à coup, patatras, tout est à terre Et une immense colonne de douleur monte vers le ciel. Puis tombe le silence et quelque chose qui ressemble à un vide colossal. On est hébété, écrasé, éreinté, amputé de sa dignité, puis on sombre dans la prostration, dans l'autisme, plus près que jamais de la fin. J'en étais là et même plus loin, dans la noirceurs absolue, le 9 de l'échelle de Richter et pour autant que l'on voit quoi que ce soit dans les grands abîmes, j'étais seul. Seul comme personne au monde. Dans les moments de lucidité, je me disais que mon tourment venait de ce que j'étais un drôle de rêveur, un pauvre débile arrivé dans un monde de cauchemars renouvelés, avec l'idée d'une vie simple, élégante, perpétuelle. Mais le plus souvent, à l'instar de ce cher Adolphe devant son absinthe mortifère, je ne me disais rien, le rêve, la vie, l'harmonie, la simplicité étaient des mots qui n'avaient pas de sens pour moi. Avais je le droit de les utiliser sachant combien mon père les avait bafoués? Ma position est étrange. J'étais dans la peau et le quotidien squelettique d'un déporté qui attend la fin et j'étais dans la peau de mon père, jaloux de son sacerdoce, qui apporte la fin. Les deux extrêmes étaient réunis en moi pour le pire. Comme les mâchoires d'un étau fermé.


Page 147 (La plume de Boualem démontant les mécanismes psychologiques du fils de l'allemand. Percutant!)
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