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Citation de Aunryz


Aunryz
22 décembre 2020
Jamais on n'aurait cru qu'une personne affligée d'une telle malformation fût ou pût être joyeuse, qu'elle ne se laissât pas aller à la mélancolie ou qu'elle n'eût pas le goût du malheur. Très tôt, elle s'était trouvé des façons de composer avec sa vie, la vie en général. Et en grandissant, il devint évident qu'elle ne craignait pour ainsi dire rien - seuls les chevaux peut-être, et quelque chose qu'elle ne parvenait pas à définir, qu'elle ne parvenait pas à définir, une présence insolite qui n'était pas, ou pas entièrement en tout cas, de ce monde.
Elle ne redoutait pas ces fièvres qui avaient emporté son frère William à l'âge de trois ans, avant sa propre naissance. Dans son esprit, pareil destin était celui de cet enfant-là, pas le sien.
Elle ne craignait pas les serpents, pas même les venimeux, persuadée qu'ils ne la mordraient jamais si elle les laissait tranquilles.
Les moustiques, pour une raison qui leur appartenait, ne la piquaient pas, bien qu'elle ne prît contre eux aucune protection.
Elle n'avait pas peur des poules, parce qu'elle les jugeait d'une sagesse comique, en dépit de leur stupidité proverbiale.
De même pour les cochons, malgré leurs affolements fréquents et inattendus ou leurs assourdissants concerts de panique étrangement orchestrés qui l'effrayaient au début, jusqu'à ce qu'elle en perçût le caractère burlesque. Ces mouvements de frayeur étaient intempestifs, ils disparaissaient aussi vite qu'ils étaient venus. Les vaches, à l'évidence, ne présentaient aucun danger, sauf si on menaçait leurs petits. Le taureau quant à lui était soigneusement tenu à l'écart dans un petit enclos réservé.
Elle n'avait pas peur des coyotes qui jappaient la nuit dans les champs, ni des panthères dont les feulements montaient parfois du plus profond des bois. Elle adorait s'agenouiller devant la fenêtre ouverte pour écouter le chœur des coyotes et imaginer ce qu'ils pouvaient bien se chanter, et l'importance que revêtait pour eux cet échange. Cela ne la dérangeait nullement qu'ils déchiquettent mulots, lapins et écureuils, ni qu'ils pourchassent les faons nouveau-nés. Ni que les panthères emportent parfois un petit veau. L'étrange peur qu'elle éprouvait d'un animal inconnu, voire légendaire, née la nuit où elle s'était imaginé en entendre grogner un à proximité de la maison et où elle avait été terrifiée.
...
Elle avait peur des chevaux...
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