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Citation de Charybde2


Lorsque l’Angleterre et l’Écosse moins sa hanche granitique croulèrent sous les bombardements atomiques, les hautes lames rejetèrent des milliers de corps humains morcelés – imbibés et glabres comme des mouchoirs – d’une année à l’autre, tout le long des côtes occidentales européennes, de Narvik et des îles Lofoten au nord, du Jutland et des Frisonnes, des rochers bretons, vers le sud, aux chais du Médoc, poussés par de nouveaux courants terribles à travers le golfe de Gascogne, pour apparaître sous les traits informels de la Mort aux charades à Biarritz et San Sebastian, puis le long des plages pluvieuses des Asturies et de Galicie, jusqu’à Lisbonne et au-delà du cap Saint-Vincent, aussi loin que l’estuaire du Guadalquivir – qui fut le terrain de chasse privé des ducs de Medina Sidonia – où se faisait une dernière livraison des corps grignotés par le temps ; là, hérons, spatules, aigrettes, et des oiseaux venus de leurs nids des neiges éternelles de la Sierra Nevada, regardaient en visiteurs de musée les restes saumurés des habitants de Southampton, Scunthorpe et South Ken, qui faisaient maintenant partie de neiges plus vastes et plus éternelles encore. Et même plus tard, parfois des années après, les Açores ou les sables noirs volcaniques des îles du Cap-Vert déposaient encore des bras toujours reconnaissables ou des mains d’enfants qui ressemblaient à des crabes endormis.
Beaucoup de ceux qui habitaient l’Angleterre avaient réussi à échapper à l’holocauste atomique. Des communautés anglaises s’étaient établies aux États-Unis, en France et ailleurs, leurs organes essentiels étant le cimetière, l’hôpital, la cour de justice, le terrain de cricket, le restaurant indien, et un bon club.
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