Interview de Bruce Clarke.
L'artiste Bruce Clarke parle dans son atelier à Paris de son projet Les Hommes Débout (Upright Men) qui commémore 20 ans depuis le génocide au Rwanda. Ces peintures rendent hommage aux victimes au moyen de peintures directement sur les lieux de mémoire au Rwanda et accrochées ou projetées sur des lieux symboliques ailleurs dans le monde (Genève, Paris, Bruxelles).
Nous vivons dans une société qui nous pousse à ne plus être choqués de rien.
(Entretien auprès de Virginie Andriamirado pour Africultures, avril 2009)
X pour tous les anonymes, les acteurs de l'histoire qui peuplent ces images, aux visages indistincts, aux silhouettes floues. Figures perméables pour donner une forme aux inconnus, aux morts non-identifiés, aux victimes de guerre et de génocide. Pour tous les migrants économiques qui meurent en mer ou dans les déserts en essayant d'atteindre le soi-disant Eldorado de l'Europe. Pour tous ces hommes, ces femmes et ces enfants dont on ne sait rien, pas même leur nom. (63)
Les drames, les tragédies, se jouent le plus souvent à notre insu, en notre nom, pour ou contre nos intérêts. Certes, on ne peut pas prétendre comprendre ce monde au travers des images peintes, mais ces fenêtres peuvent nous permettre d'entrevoir d'autres aspects du monde et nous pousser au questionnement. (210)
Désenchanté ? Plutôt sans illusions. Clarke remet en question les représentations que nous nous faisons de ce monde. Ses œuvres appellent à une réappropriation par chacun de se responsabilité critique, de sa vision, de sa citoyenneté. (9)