Treize longs bateaux à tête de dragon, munis de voiles rectangulaires doublent le cap Finistère.
Ils apparaissent soudain à l'horizon marin de la côte basse et inondée du marais breton face à Noirmoutier.
En cette année 814, les loups de mer sautent à terre, brandissant haches et épées, et se jettent sur le village de Bouin ...
Cest ce qui est passionnant dans cette étude : le redécouverte d'un passé breton que l'on croyait tout d'une pièce et qui n'est en fait que le résultat de convergences.
Ainsi s'expliquent sans doute certaines caractéristiques de cette civilisation bretonne, en particulier la fameuse ouverture sur la mer.
En effet, les celtes n'étaient pas et ne sont pas des marins.
C'étaient des peuples attachés à la terre, d'abord pasteurs, ensuite agriculteurs.
A l'époque de César, seuls les vénètes du pays de Vannes sont des navigateurs hors-pair, qui détiennent l'hégémonie du commerce et des relations entre l'Armorique et la Grande-Bretagne.
Or on sait maintenant que les vénètes n'étaient pas des celtes.
Et à la lumière des observations de Bruno Renoult, on peut penser que les Hommes du Nord, solidement implantés dans certaines régions côtières de Bretagne et y ayant fait souche, ne sont pas étrangers à la vocation maritime qui caractérise la Bretagne à partir du XIIème siècle.
Ce n'est qu'une hypothèse, mais le travail de Bruno Renoult doit nous inciter à chercher dans cette direction ...
Gongu Hrolf, Hrolf le marcheur ou Rollon, avant de fonder la Normandie, fut viking en Bretagne avec son père adoptif Ketill des Hébrides qui fut roi de Nantes ...
C'est à ce moment qu'apparut sur les côtes bretonnes un chef viking quasi légendaire : Bjorn, descendant de la fameuse lignée de Ragnar Lodbrog.
Il avait été désigné par le sort, lui le fils du roi, pour partir en exil, on le surnommait Jarnsidi : côte de fer, parce que jamais dans une bataille ni bouclier ni casque ...
L'histoire de Bretagne du IXème, Xème et XIème siècles a donné lieu à des interprétations controversées des événements dues souvent à la négligence de l'exploitation des sources mais aussi à la présentation partiale des faits par les historiens anciens et modernes qu'ils soient d'obédience française ou bretonne.
De cette histoire, les bretons d'origine scandinave, nous entendons par là, les descendants des vikings installés en Bretagne sont absents.
A tous ces bretons privés d'Histoire, qui n'apparaissent dans les ouvrages que de loin en loin sous la forme caricaturale d'horribles païens barbares assoffés de sang tout juste bons à donner des coups de hache, nous voudrions rendre leur Histoire, véritable saga, échappée en lambeaux à 1000 ans d'obscurantisme politique et religieux ...
(extrait de l'avant-propos)