Les déchus de C. TOPALA [critique littéraire]
"Mon cher Adonis, dit-il se retournant vers Thimothèe, sans pouvoir retenir une légère condescendance, Asaroth le Guerrier est le Démon de la Destruction, un des premiers anges déchus. Nous fûmes trois à participer à la Grande Dispute, une fois que Lucifer eut refusé de s’incliner devant ce pantin terreux d’Adam. Entre nous soit dit, Asaroth, cette tête brulée, nous a suivis, plus qu’il n’est tombé par conviction. Trop de principes. Mais nous y voilà à présent, inséparables pour l’éternité, les acolytes du Diable avec un grand D, les trois mousquetaires, Curt, Krist and Dave, Brad, Jennifer et Angelina… selon les préférences."
La nature est en effet le guide qu’il faut suivre; c’est elle, que la raison observe et consulte. C’est donc une même chose, que vivre heureux et vivre selon la nature.
« Tu es en retard, Belzébuth, murmura Lucifer sans même le regarder.
- A propos de…
- Tu n’étais pas au Vatican, comme prévu. »
Le Déchu fit un geste vague à mi-chemin entre le besoin de se justifier et l’irritation.
« J’étais fatigué, j’avais besoin de vacances.
- De vacances? s’éleva la voix de Lucifer. Tu étais censé raffermir le clergé. Aider tous ces défroqués à rester sur le droit chemin à coups de visions de l’Enfer. Bosch, Dante et compagnie. Si on continue comme ça, bientôt il n’y aura plus personne pour guider les croyants. Asaroth ne peut pas s’y coller à chaque fois.
- Pourquoi pas? bouda le Déchu. Après tout, je suis Belzébuth le Séducteur, Premier Tentateur…
- Bél, coupa Lucifer avec l’air d’un père qui explique pour la centième fois à son fils qu’il faut faire pipi dans la cuvette et non pas le plus haut possible sur le mur derrière, tu ne peux pas continuer à tenter les humains, nous en avons déjà parlé. Maintenant, où étais-tu?
- A Las Vegas. »
L’homme heureux est donc celui qui a le jugement droit, celui qui se contente du présent, quel qu’il soit, et qui aime ce qu’il a
- Oh, non, rit Smara. Ça fait longtemps qu’on ne tente plus les humains. C’est interdit, officieusement, en tout cas. Nous sommes déjà surchargés et vous vous débrouillez très bien tout seuls. Trop bien.
- Mais le mal est partout, n’est-ce pas de votre fait?
- Pas du tout. On attribue souvent au Diable ce qui tient de la bêtise.
- La pomme de Blanche-Neige?! Tu es en train de tenter la Grande Diablesse avec la pomme de Blanche-Neige?
- Smara, reprit Belzébuth sur un ton de reproche, n’éclate pas ma bulle! Après tout, une pomme c’est une pomme.
Asaroth mâchait à grands bruits quelque chose de visqueux qui ressemblait à un morceau de placenta et, tout d’un coup, elle comprit pourquoi il avait toujours la tête baissée, enfoncée dans son torse. De temps en temps il grattait violemment sa blessure élargissant l’entaille, la faisant saigner, arrachant des morceaux qu’il portait à sa bouche. Smara ne put retenir un haut-le-coeur et détourna vivement la tête.
« Il glisse? »