J’ai eu la drôle d’idée de lire ce récit alors que j’étais moi-même en attente de mes résultats de dépistage de différentes IST, effectué quelques jours plus tôt dans le centre d’information et de dépistage d’un établissement de santé à côté de chez moi. C’est une période toujours délicate, on se rassure comme on peut en imaginant, un peu anxieux, la possibilité du pire.
Camille Genton, visage angélique de 32 ans, est un jeune entrepreneur parisien que les spécialistes qualifient volontiers d’entrepreneur à succès. A 25 ans, celui qui résume son mode de vie du moment en parlant de « Gentonnerie » pour les « excès en tout genre du mec qui ne sait pas s’arrêter, veut toujours aller plus loin » , et qui est sur le point d’ouvrir son premier restaurant, tombe amoureux d’un garçon.
Entre eux, c’est aussi simple qu’évident, et deux semaines après leur coup de foudre, Marc-Antoine s’installe chez Camille « tout naturellement » . Parce qu’on s’aime, on va se faire dépister, le cœur léger, sans y penser. Et c’est là, dans ce laboratoire aux improbables employés, que le diagnostique sera posé : il est séropositif.
Commence alors une période difficile, celle de l’acceptation de la maladie, un moment où il faut trouver le médecin avec qui l’on se sent en confiance pour débuter le suivi de cette maladie chronique. Paradoxalement, le combat le plus difficile pour Camille ne sera pas de sauver son couple, qui perdure aujourd’hui encore, mais de faire face à ce qu’il appelle à juste raison « la double peine » , celle d’être malade et d’être considéré comme incapable.
"Ma maladie m’a obligé à retrouver le goût des choses simples. J’apprécie la normalité autrefois tant redoutée."
De son combat et de ses nécessaires mensonges, notamment aux banques, afin d’obtenir les prêts nécessaires à son activité d’entrepreneur, Camille s’est inspiré pour écrire un récit résolument positif. Jamais larmoyant, ne cherchant aucune excuse ou aucune compassion, il expose sa vie de jeune homme actif et malade dans un superbe témoignage. En septembre, il a lancé avec l’appui de nombreuses personnalités le manifeste « Nous sommes tous positif.ve.s » afin de dénoncer les discriminations dont sont victimes les personnes séropositives et de réclamer un droit à l’oubli.
J’ai terminé Positif le jour où je suis allé chercher mes résultats au centre d’information et de dépistage, un peu moins anxieux, et avec moins d’aprioris. Et Camille de conclure : « même si les molécules que j’ai dans le sang ne m’autorisent plus à être le même, je viens d’avoir trente et un ans, je suis atteint du VIH et tout va bien, merci » .
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