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Citation de mamansand72


C’est le contraire qui s’est produit. Je croyais lui redonner de l’espoir : personne n’était mort pour elle. Et je lui ai apporté le désespoir : personne n’était mort pour elle. J’ai compris trop tard que c’était ce mort qui la faisait vivre. Cette passion tragique la justifiait : elle avait été follement aimée. Au fond, elle ne résidait ici, à la Forche, que pour pouvoir continuer à vivre dans cet amour. Une clinique psychiatrique, c’était le lieu idéal pour elle, l’endroit où vivre : les fous et les amoureux appartiennent à la même espèce, d’ailleurs on dit « amoureux fou ». Ici, on ne la dérangeait pas dans sa jouissance morbide. Sa tragédie était merveilleuse. Si elle me parlait si volontiers lors de nos entretiens, c’était pour le plaisir de rester dans l’histoire. Et j’ai tout détruit. J’ai cru que la vérité la ramènerait à la vie. Mais tout le monde n’est pas prêt à la vérité. Les gens s’en foutent, de la vérité. Ce qui compte, c’est ce qu’ils croient. La vérité, ils écrivent par-dessus. Ils la font disparaître à force de fictions, de récits. Ils vivent de ça, de ce qu’ils racontent. Leur vie est un palimpseste. Inutile d’aller voir dessous. Nous autres, psys, nous prétendons à la vérité. N’importe quoi. L’HP, c’est tout le contraire : c’est pour se protéger de la vérité.

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