La façade de Notre-Dame a des caractères particuliers qui lui donnent une place à part dans l'histoire de l'architecture gothique. Elle produit une impression plus calme, plus tranquille que les édifices contemporains. L'importance donnée aux grandes lignes horizontales, qui viennent couper à plusieurs reprises les lignes ascendantes des contreforts, donne un accent spécial à cette oeuvre. Il semblerait qu'une discipline classique ait ici modéré l'imagination des constructeurs gothiques.
Lucques. Cathédrale Saint-Martin. — La cathédrale Saint-Martin de Lucques fut rebâtie de 1060 à 1070 par les soins de l'évêque Anselmo Badaggio, qui devait devenir pape sous le nom d'Alexandre II. Il reste très peu de chose de son oeuvre, mais les refaçons et les embellissements s'étant toujours sagement harmonisés avec le style primitif, l'église présente un des plus beaux ensembles romans de l'Italie, d'autant plus que la façade se relie au sud-ouest à un palais du même style. L'un et l'autre ont été bien restaurés en 1903 et 1904.
Reims. Maison des musiciens. — Ce charmant édifice, bien connu de tous ceux qui ont visité la ville de Reims, n'est pas à proprement parler une maison privée. Les belles proportions de ses fenêtres, sa riche décoration plastique confirment à première vue la tradition qui fait de ce bâtiment l'hôtel de la corporation des ménétriers.
Construite dans la seconde moitié du treizième siècle, la maison des musiciens a malheureusement subi au cours des années des mutilations assez nombreuses. Le rez-de-chaussée, aujourd'hui défiguré par des enseignes, a conservé fort peu de vestiges de ses dispositions anciennes. On remarque cependant encore, à droite de la façade, quatre petites baies
murées qui, avec le reste d'un piédroit, ont permis à Viollet-le-Duc de reconstituer l'état primitif des boutiques. D'après l'auteur du Dictionnaire, les arcades du rez-de-chaussée, étroites et hautes, auraient eu les dimensions d'une porte ordinaire. Chacune d'elles aurait été surmontée d'une petite imposte en plein cintre. A gauche de la façade se trouvait une porte cochère donnant accès à la cour d'où partait l'escalier.
Chartres. Cathédrale Notre-Dame. —
On sait que la cathédrale de Chartres s'élève sur une crypte romane qui s'étend sous le sanctuaire et sous les bas-côtés, et qui renferme des parties carolingiennes, mais date principalement du XIe siècle.
L'église romane était encore en construction en 1145. C'est à cette date que Robert de Thorigny admira l'ardeur avec laquelle le peuple accomplissait des corvées volontaires pour cette construction. On élevait alors la façade, avec ses trois magnifiques portails. Un legs fut fait en 1150 pour l'exécution de la statue de la Vierge, qui orne l'un deux. Ces célèbres portails durent être achevés vers 1160. Le clocher du nord-ouest avait été commencé dès 1134 et achevé vers 1150; celui du sud-ouest est contemporain des portails.
SAINT-BENOIT - SUR-LOIRE (LOIRET), ANCIENNE ÉGLISE ABBATIALE. — A peu de distance de la Loire, entre Orléans et Gien, dans une ville minuscule et sans apparence, s'élève l'un des plus imposants monuments de l'art roman en France. Le bourg de Saint-Benoît, jadis beaucoup plus peuplé qu'aujourd'hui, n'a gardé que peu de souvenirs des périodes brillantes de son histoire. Seule l'ancienne église abbatiale rappelle au voyageur que ce coin perdu était autrefois l'un des centres les plus actifs de la vie religieuse au moyen âge. Fondée au commencement du VIIe siècle, l'abbaye de Fleury changea de nom lorsque le moine Aigulfe ramena sur les bords de la Loire le corps de saint Benoît qu'il avait été chercher en Italie. Sous Charlemagne et ses successeurs, le monastère abritait des écoles célèbres, dont les élèves se comptaient par milliers.
Arras. Hôtel de ville. — La ville d'Arras possède deux places monumentales qui constituent un ensemble admirable et très curieux. La Grand'Place, le marché principal, est entièrement encadrée d'étroites maisons à pignon, dont nous donnons plus loin un spécimen. Aucun édifice public ne dépasse cette masse uniforme de constructions peu élevées. La Petite Place qui, malgré son nom, a encore une fort belle étendue, présente un aspect tout différent. Sur l'un de ses petits côtés s'élève un majestueux hôtel de ville dont le beffroi domine de toute sa masse la silhouette modeste des simples maisons bourgeoises.
A peine achevée, la cathédrale romane fut détruite par un violent incendie, le 10 juin 1194. Il nous en reste la crypte; le bas de la tour nord; la tour sud tout entière, avec sa flèche ; enfin les trois portails avec les trois fenêtres qui les surmontent, mais cette partie de façade, qui avait été construite en retrait des clochers, fut démontée au XIIIe siècle et avancée à leur alignement.
On se mit à l'œuvre dès 1194 pour élever la cathédrale actuelle; elle était presque terminée en 1220.
Pl. 1-12. Parme. Cathédrale. — Dans l'un des angles d'une place grandiose, au centre de la ville de Parme, s'élèvent deux monuments qui, bien que très différents d'aspect, constituent un ensemble remarquable : d'un côté, le dôme avec sa façade massive flanquée d'un campanile élancé, de l'autre, le baptistère, bel octogone dont la base pleine est surmontée de nombreux étages d'arcatures.