"Il y avait de ça dans l'approche que Lou avait de son compte : on sentait que derrière chaque photo, son intention était de partager un chapitre de son conte de fées fantasmé. Ses tenues vintage étaient des mots, ses rouges à lèvres des points-virgules, Paris la page blanche sur laquelle elle s'épanchait. Je me doutais bien que ses prétendues tranches de vie spontanées étaient en fait savamment mises en scène, mais j'étais vautrée dans cette augmentation de la réalité avec joie."
Elle demande au serveur de nous reprendre en photo en lui livrant au passage un petit tutoriel. Non, plus bas, pour allonger les jambes. Pas trop en contre-plongée, sinon ça grossit. Taper à tel endroit de l'écran tactile pour attraper la lumière flatteuse. Et surtout les prendre en mode rafale, pour qu'elle puisse choisir l'exacte seconde où elle est parfaite
Cet étrange triangle non amoureux m'a tout l'air du point de départ d'un thriller psychologique.
Quand tu deviens un personnage public, les autres estiment que tu leur appartiens un peu, parce qu'ils ont construit ton succès. Alors ils se permettent tout et n'importe quoi. Je ne sais même pas si je m'appartiens encore, pour être honnête.
Comparer Instagram à l'Odyssée, il fallait oser.
J'avais dégainé mon portable, m'étais mise à la suivre sur Instagram, m'étais plongée dans son profil comme dans un roman.
Rien n'est jamais spontané, tout est une vitrine.