Chacun tâtonne. Chacun aide comme il peut. Et certains passent entre les mailles du filet. Comme moi. Aujourd'hui, je pense à tous les bénévoles qui sont dans mon cas, je pense à tous ceux qui ont croisé mon chemin, qui sont des acteurs silencieux, je pense à toutes les assistantes sociales qui ont certaines clefs, mais qui doivent ressentir la même solitude, insatisfaites devant les réponses qu'elles apportent, qui perdent confiance et estime, qui culpabilisent, qui ont honte, elles aussi. Je pense au personnel administratif qui traite les cas de ces êtres humains comme des numéros. Ils savent qu'ils sont devenus des robots déshumanisés du droit d'asile.
Se dissimuler, ne pas attirer l'attention, lorsque l'on doit utiliser les transports en commun quotidiennement pour aller travailler, c'est un exercice d'équilibriste. Ou un combat perdu d'avance. Mais il n'a pas le choix. Alors il s'enterre vivant.