Les champs de canne à sucre , brûlés. La récolte. Elle veut que je sois là-bas quand ils brûlent la canne à sucre. Nouvelle thérapie. (…)
Nous dormons dans les cabines des camions. Avec le feu, la fumée tout autour. Surveillant l’incendie.
La faim sans cesse. Du pain, un plateau en fer, du riz, du potage, de l’eau avec du sucre. Toujours faim. Toujours les mêmes hommes aux visages noircis, recouverts de masques. Ce sont des masques. Je ne vois pas de vrais visages, lavés, propres, je ne vois pas à quoi ressemblent ces visages. Jamais. Ils partent pour une autre récolte. Ils disparaissent.
Je vois des signes, mais peu importe, je reste dans le lit à côté de lui, je fais semblant de dormir, sous la moustiquaire, angoissé, sans savoir comment dire ce que je sais, ce que je vois, les signes, les changements. Je m'endors en me demandant ce qui se passera si je me réveille.
Mon père veut que je vive pendant un temps avec lui au village, dans sa maison du village. C'est une solution, avoir son père, un exemple pour un enfant à problèmes. Car j ai des problèmes. Mais ma mère refuse catégoriquement et mon père doit accepter qu ils me soignent.