Mystères et petites pièces

Une pièce de théâtre sur le thème du théâtre, une vision poétique mêlant absurde, philosophie, existentialisme, psychologie.
Nous plongeons dans le regard d'un metteur en scène tourmenté, dans une approche du théâtre entre désespoir et ambition destructrice, cela à travers les oreilles d'un psychiatre qui se fait confident.
Dans cette pièce, les personnages nous atteignent par leurs paroles mais aussi par leurs silences, se caractérisent puis changent et échangent leurs rôles, passant tour à tour de locuteur à interlocuteur.
Les intentions de mise en scène transpirent dans l'écriture, par laquelle on comprend un décor flexible, mouvant au rythme des scènes mais aussi des élans du récit, une sorte de jeu des atmosphères qui nous amène parfois à suivre deux scènes en même temps.
Ces indications précises nous rappellent presque que nous sommes au théâtre tant l'histoire est douce, abstraite, tant elle nous évoquerait presque la texture d'un nuage. Son seul inconvénient est qu'alors on peut avoir du mal à imaginer tout cela devenir une pièce à part entière...pour laquelle en tout cas on envisage une mise en scène délicate.

TW : ATTENTION la suite dévoile une partie de l'intrigue !

C'est à cet instant que j'en arrive à évoquer l'acte III.
Ici toute l'atmosphère que l'on décrivait auparavant délicate change pour devenir abrupte, brutale et violente par les mots, par la souffrance psychologique et physique que l'auteur décrit chez nos personnages.
C'était la recherche effrontée de l'art dans sa perfection, la souffrance mentale du metteur en scène entraînant la maladie physique chez ses étudiants...et il en redemande.

Je conseille à tous ce petit récit rapide à lire, que vous pourrez alors relire pour en percevoir les messages enfouis, qui vous fera réfléchir, imaginer un ensemble de personnages attachants et terriblement humains.

Un vieux metteur en scène discute avec son psychiatre, lui racontant des souvenirs de ses débuts théâtraux et lui répétant qu'il ne peut plus écrire et se sent complètement incapable de finir sa pièce, tout en continuant à recevoir en parallèle de jeunes étudiants en théâtre, auxquels il enseigne les bases du théâtre. D'autres personnages, plus flous, interagissent avec tous ceux précédemment dénombrés. La scène se passe à Cuba, dans les années 90, en pleine épidémie du SIDA.
Les dialogues sont pour la plupart simples et pourtant percutants, alternant de temps à autre avec d'assez longues tirades. La pièce elle-même est assez courte, une soixantaine de pages à peine, divisée en quatre grandes parties, composées de scènes plutôt brèves. Les personnages eux aussi sont peu décrits mais possèdent chacun une profondeur et leur propre histoire. La pièce dans sa globalité est facile à lire, moins à comprendre sans connaître le contexte dans lequel elle se déroule.
Etant passionné de théâtre et de littérature, j'ai particulièrement apprécié la lecture de cette pièce, scène par scène et non d'une seule traite. Les thèmes qu'elle aborde, la censure de l'art, l'homosexualité, le théâtre, l'angoisse, le SIDA, la politique, y sont tous approfondis pertinemment, et font particulièrement écho dans le contexte général de la pièce - Cuba, années 90. Je recommande fortement cette pièce à tout féru de théâtre et de politique, ne serait-ce déjà que pour son style d'écriture bien particulier.

j'ai lu ce livre grâce à la masse critique. Merci ! Cette oeuvre théâtrale dont les personnages principaux sont le metteur en scène et le psychiatre et 3 étudiants en théâtre... le metteur en scène, est sollicité pour mettre en scène un texte. Il se dévalorise, dénigre le théâtre, pense qu'il est fou tout en trouvant le théâtre très divertissant. Son dialogue avec le psychiatre ressemble à une analyse. Sa complexité psychologique est parfois difficile à comprendre tant il est déconcertant.
Une oeuvre dite kaléidoscopique, certes qui me laisse un goût d'inachevé car je n'en ai sûrement pas compris toutes les subtilités et la portée politique du théâtre dans un pays où existe encore la censure