Un regard, c’est abstrait tant qu’on ne le croise pas, tant qu’on ne le cherche pas dans le visage d’un vis-à-vis. Pourtant, c’est très lourd quand on le sent sans le voir, quand on le devine sans le croiser.
Les passions sont faites pour s’éteindre. Elles sont faites pour être un destin qui ne se réalise jamais.
Une série noire qui parle de meurtres et de trahisons, de vengeances et de haines.Avec des scènes qui se terminent dans le sang. Le sang noir des coupables. Parce que les coupables sont toujours les méchants, et que les gentils, ceux qui ne font de mal à personne, on les reconnaît tout de suite. C’est reposant le mal d’un côté, le bien de l’autre. Impossible de se tromper.
L’avenir est beau. Il est bleu. Limpide et sans nuages comme le ciel au-dessus de leur tête.
Il écrit au moins une lettre par mois. Des fois pour rien, juste comme ça. Pour dire qu’il pleut ou qu’il fait beau. Que les touristes continuent à faire construire des maisons qui resteront fermées presque toute l’année. Que l’été est plein de monde. Que l’automne est la plus belle saison sur l’île. Avec le printemps. Que ça fait deux plus belles saisons sur quatre. C’est quand même une bonne moyenne.
Que l’hiver est austère, mais qu’il a quelque chose de grandiose. Il ne reste plus qu’une saison à fuir.
Avec l’air conditionné, on ne se rend pas compte qu’il fait chaud. Dehors, le thermomètre va sûrement dépasser les quarante degrés. Il y a des clients qui viennent uniquement pour se rafraîchir ou qui passent quelques instants dans les rayons réfrigérés des livres ou des disques pour faire descendre la température du corps.
Tout ça parle plein de langues. C’est un concentré de tour de Babel qui flotte sur le vieux canal. Ils sont venus des quatre coins du monde connu pour s’entasser sur une barque et attendre pendant une demi-heure à chaque passage d’écluse sous un soleil de plomb.
Elle retrouve enfin le calme, la solitude, celle qu’elle préfère, celle où l’on est vraiment seul, avec personne à qui parler. Pas celle du parc, où la foule envahit tout.
De sa fenêtre, elle peut voir le grand boulevard, mortellement calme. A peine une voiture de temps en temps. Presque pas de piétons. Pas un chat à l’horizon. Ni un chien, non plus.
Il est deux heures de l’après-midi, il fait trop chaud. Pas le plus léger, le plus infime souffle de vent. Une canicule qui donne des vapeurs même au macadam.