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Citation de Ahoi242


En matière de culture britannique, il est rare de ne pas croiser l'éminente figure du « barde », William Shakespeare. L'histoire du mot « punk » ne fait pas exception. Son origine est obscure, il semble même ne pas avoir d'étymologie connue en anglais. On sait seulement qu'il apparaît vers 1590 et qu'à l'époque il désigne une prostituée. Et c'est dans ce sens que le grand dramaturge l'emploie dans plusieurs de ses pièces. La plus ancienne mention figure dans Les Joyeuses Commères de Windsor, pièce écrite aux alentours de 1597. Curieusement, la réplique « This punk is one of Cupid's carriers » (« cette catin est envoyée par Cupidon ») sort de la bouche d'un personnage dénommé Pistol. En 1603, dans Tout est bien qui finit bien, du même auteur, on trouve « Your french crown for your taffeta punk... » (« un écu pour une putain attifée de soie... »).
Une punk figure aussi, en 1604, dans Mesure pour mesure et le mot y possède toujours le même sens : « My lord, she may be a punk ; for many of them are neither maid, widow, nor wife » (« Seigneur, elle pourrait être une catin, car il y en a beaucoup d'entre elles qui ne sont ni filles, ni femmes, ni veuves »).
À noter que toutes ces occurrences désignent des personnes de sexe féminin.
Quatre siècles plus tard, le mot « punk » appartient à l'argot des prisons ; il a toutefois subi un léger glissement de sens. Les « punks » sont maintenant les jeunes hommes utilisés par leurs aînés pour assouvir, avec ou sans leur consentement, leurs pulsions sexuelles. D'après le Routledge Dictionary of Modern American Slang and Unconventional English, c'est en 1904 que le mot désigne pour la première fois « un homme jeune et/ou faible utilisé comme partenaire homosexuel passif, particulièrement en prison ». Dès lors, on retrouve « punk » désignant une personne peu impressionnante physiquement, un gringalet. Le poète de la Beat Generation Charles Plymell raconte en 2011 avoir entendu utiliser ce mot pour « traiter de mauviettes les fans de jazz avec coiffure en "queue de canard" ». Il ajoute que cette « connotation a attiré l'attention de l'écrivain William Burroughs quand dans la conversation il se posa la question du rapport avec la nouvelle musique, disant qu'il avait eu connaissance de son usage dans les prisons et parmi les junkies dans la rue pour suggérer la soumission sexuelle ». Mais loin de se figer dans cette signification, le mot « punk » s'éloigne peu à peu de ses racines sexuelles pour acquérir le sens de mauvais, moche, minable, sans valeur et, lorsqu'il est employé en tant que substantif, de vaurien. À partir des années 1950, il désigne fréquemment un jeune délinquant dans les films noirs puis, les années passant, dans les séries policières diffusées à la télévision.
« Punk » est enfin, et parallèlement, un terme de l'argot de la marine utilisé pour désigner le pain, particulièrement dans l'expression piss and punk signifiant « au pain sec et à l'eau ». Ce sens de « punk » a-t-il le moindre rapport avec celui qu'il a dans l'argot des prisons ? La question ne paraît pas tranchée.

Le mot « punk » ou les glissements progressifs de la sémantique, p.
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