"- J'ai l'air d'une de ces chauves-souris, grand-mère ! C'est horrible !"
La mission n'eut pas l'air de les réjouir. peut-être étaient-ils aussi payés pour faire la gueule? Dans ce cas, Joseph méritait un supplément.
- Tout ira bien, Celia, vous verrez.
À l'arrière de la luxueuse limousine noire, le Dr Scott me regardait avec gravité, souhaitant de toutes les fibres de son être que je le croie.
Malheureusement, même si le psychiatre séduisant et légèrement grisonnant cherchait sincèrement à me rassurer, nous savions tous les deux qu'il mentait. Rien, jamais, n'irait à nouveau bien. Une semaine auparavant, j'étais une garde du corps humaine ordinaire, menant une existence normale. Maintenant, j'étais en partie vampire, en partie sirène et je m'efforçais tant bien que mal de conserver mon identité ainsi que mon sens de l'humour. Et ses propos ne m'y aidaient pas.
J'eus un ricanement ironique. Lors de notre première rencontre, crocs dénudés et yeux flamboyants, j'avais failli sauter sur sa secrétaire comme si elle était un chevreuil. J'avais même chassé le bon docteur hors de la pièce. Il ne lui avait été possible de parler avec moi en toute sécurité que lorsqu'il m'eut enfermée à clé dans son cabinet avec un pichet de bouillon de sang de boeuf, que j'avais englouti, le crépuscule m'ayant transformé en prédateur, avec autant de plaisir qu'un milk-shake à la fraise.
Je ne pouvais m'empêcher de penser à ce que j'aurais pu faire sans ce bouillon.
Son expression changea, comme s'il avait perçu ce que je pensais. Je savais que le Dr Scott était télépathe, mais la déontologie et la loi lui interdisaient théoriquement de «mater» en dehors des séances de thérapie. Cependant, ma réaction physique à ses propos ne pouvait lui avoir échappé et, après que nous nous fiâmes affrontés du regard, lui battant des paupières le premier, il eut enfin la correction de paraître gêné.
Le chauffeur de la limousine claqua sa portière, ce qui détourna mon attention, donnant ainsi au Dr Scott l'occasion de tripoter des boutons. Sans doute à la recherche d'une nouvelle dose d'alcool fort pour se donner du courage. Nous partions pour Birchwoods, établissement psychiatrique ultra-sécurisé destiné aux très riches et très célèbres, où je serais «évaluée» avant mon procès, au cours duquel j'allais devoir répondre d'accusations de manipulation mentale.
Je ne suis ni riche ni célèbre, mais je ne suis pas pauvre non plus, et séjourner dans un endroit susceptible de me rendre libre un jour justifiait la dépense. Hormis l'établissement d'État, le centre de détention St Mary était la seule autre possibilité. Mais ce dernier n'était autorisé à dispenser que des traitements de courte durée et, en raison des problèmes juridiques liés à mes nouvelles aptitudes physiques et mentales, mon «séjour» risquait d'être très long, voire permanent
- j'ai appris que j'avais du sang de sirène après la morsure en vampire. S'il n'avait pas essayé de me transformer, mes talents ne se seraient pas manifestés et rien de tout ça ne serait arrivé. Franchement, je n'ai pas vraiment cru cette femme quand elle m'a annoncé que j'appartenais à une famille royale de sirènes. Ca ressemblait tellement à... du Disney.
Beverly, I know you'll still have to live here after we're gone and will have to deal with people like him everyday. You'll be forced to ignore it for now to keep the peace. But please know most of the rest of the world takes offense at what that man just did. It's not ok for people to treat you like you're a second-class citizen just because of your gender.
I let out a sigh. "I'm sorry, but if she was on the throne back then, what she and the others did was foolish. Information is the only thing that keeps people safe. Diseases are cured by people sharing the clues from the dead; inventions are created from the ruins of failed experiments. Can we at least ask her what she knows?"
- Tu n'es pas mauvaise, Celie. Laisse faire le temps. Si tu t'autorises à aller mieux, tu iras mieux. Il faut que tu te pardonnes, que tu tires des leçons de ce qui est arrivé et que tu n'y penses plus.
Elle poussa un soupir qui me brisa le coeur.
- Parce que la vie ne s'arrête jamais, ma chérie, conclut-elle. Ni pour toi ni pour personne. C'est un fait.
je réussis à m'assoir sans vomir. Ouais, j'allais mieux.
Je levai la tête. Bubba se tenait dans l'encadrement de la porte, avec deux bières fraîches. J'appréciai le geste, mais pas l'alcool. Pas maintenant. Chaque jour, de nouvelles difficultés constituaient de bonnes raisons de boire. Je n'avais pas besoin de béquilles, mais de solutions. Et je n'en trouvais pas.
Mais, au fond de moi, je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter, de me demander ce qui se passait dans le monde réel alors que j'étais tranquillement à l'abri chez les dingues.
Des smileys de l'au-delà. Ma vie est décidément bizarre.
... ce que j'avais l'intention de faire ne méritait pas vraiment le nom de plan. C'était plutôt l'équivalent d'un Je vous salue Marie de dernière minute.
Un chat. Ca ne m'était jamais venu à l'idée d'avoir un chat, mais ils ronronnent et j'aime tout ce qui ronronne.
Je réussis même à avaler quelques gorgées de Pepsi. Alléluia! Les vampires ne sont pas allergiques aux sodas...
Mon image dans le miroir me donna envie de pleurer. J'étais blafarde, j'avais des canines de vampire et je ne pouvais même plus avaler un simple petit gâteau. La déprime absolue!
Puisque ceux qui croient sincèrement en Dieu ne deviennent jamais des fantômes, il fallait que je cherche, parmi mes proches, un non-croyant. Ce qui pouvait être à peu près n'importe qui à part ma grand-mère.
Les enfants croient être les meilleurs en matière de caprices, mais les enfants fantômes les battent à plate couture. Mieux vaut les éviter quand on est au volant.