Bande-annonce de la série TV Bitten, adaptée de la série de livres Femmes de l'Autremonde de Kelley Armstrong
-Quoi qu'il en soit, dit Jeremy d'une voix assez glaciale pour me faire frissonner. Si tu décides de partir, demande à Clay de te conduire à Syracuse.
-Ouais, c'est ça, répondis-je. Je préférerais encore rejoindre l'aéroport en stop avec le psychopathe du coin.
Clay sourit.
-T'oublies un truc, chérie. C'est moi, le psychopathe du coin.
« Dis moi d'arrêter, murmura t-il. Il suffit d'un mot. »
On ne se sert pas d'un boulet de démolition pour exterminer une souris. Clay a ses points forts. La subtilité n'en fait pas partie.
Si les romains avaient pu fortifier leurs villes comme le cerveau humain se consolide, nous porterions encore des toges.
-Tu m'as l'air radieux, Clayton, poursuivit Nick qui s'avançait d'un pas lourd. Ca n'aurait rien à voir avec le fait qu'Elena soit blottie contre toi?
-Fait froid ici, murmurais-je.
-Je n'ai pas l'impression.
-Si, il fait froid, gronda Clay.
-Je peux faire du feu.
-Moi aussi, dit Clay. Avec tes fringues. Sans que tu les retires.
Je voulais qu’il m’apprécie, mais ne pouvais y croire car je ne voyais pas grand chose en moi qui le justifie. Je ne me croyais pas indigne d’amour et d’attention, mais je n’en attendais pas de la part de quelqu’un du calibre de Jeremy. N’ayant pu gagner l’attention d’une dizaine de pères adoptifs, j’avais du mal à croire que j’y parvenais à présent, de la part de quelqu’un qui valait mieux que tous ces hommes-là réunis.
- Fais chier, marmonna-t-il. Continuez, Jaime. C’est juste Cassandra. Elle peut attendre. Éternellement, si on a un peu de chance.
- Je vous ai entendu, Clayton, dit celle-ci en entrant.
- Mais qui a oublié de verrouiller la porte, bordel ? demanda Clay.
- C’est toi qui es entré le dernier, murmura Elena.
- Merde.
Quand je parle de « bons » démons, ou eudémons, je ne veux pas dire qu’ils passent leur temps à aider les gens de notre monde. La plupart se soucient de nous comme d’une guigne. Par eudémons, je désigne ceux qui ne cherchent pas activement à foutre notre monde en l’air.
Philip m'avait courtisée avec la patience réservée à un animal à demi sauvage qu'on amadoue pour le faire entrer chez soi, et, comme bien des animaux errants, je m'étais retrouvée domestiquée avant même de penser à résister.

— Où est Simon ? demanda-t-il d’un ton brusque. Il t’a laissée toute seule ? Ici, dehors ? La nuit ?
— Il a perdu quelque chose, marmonnai-je en essayant de le contourner. Il n’est pas loin.
Sans un bruit, il vint se planter en travers de mon chemin.
— Tu pleures ? demanda-t-il.
Je détournai les yeux.
— Non, je… C’est juste la poussière. Du chemin. Simon est par là.
Je tentai de passer, mais il se pencha pour essayer de lire l’expression de mon visage. Je tournai la tête et il m’attrapa le menton. J’eus un mouvement de recul quand il me toucha, et mon cœur battit plus fort. Il se tenait tout près de moi et je sentis de drôles de sensations au creux de mon ventre. Ce n’était pas de la peur. Ça faisait longtemps que ce n’était plus la peur.
— Mais si, tu as pleuré, dit-il d’une voix plus douce.
Puis son souffle devint rauque et il recommença à gronder.
— Qu’est-ce que Simon…, aboya-t-il avant de se taire en rougissant, comme s’il était gêné d’avoir envisagé que Simon puisse être coupable. Que s’est-il passé ? reprit-il.
— Rien. Ça n’a pas marché, c’est tout.
— Ça n’a pas marché ? répéta-t-il lentement, comme s’il essayait de comprendre une langue étrangère. Pourquoi ?
— Demande à Simon.
— C’est à toi que je demande. Qu’est-ce que tu lui as fait ?
Je me raidis, mais il avait raison. J’avais bien fait quelque chose à Simon. Je lui avais fait du mal.
— J’ai tout fait rater. Une fois de plus. Tu n’en crois pas tes oreilles, j’en suis sûre. Maintenant laisse-moi passer…
Il me bloqua la route.
— Qu’est-ce que tu as fait, Chloé ?
J’esquissai un pas de côté. Il m’imita. Je pris une profonde inspiration en tremblant un peu.
— Il pense qu’il y a quelqu’un d’autre, dis-je.
— Qui ?
L’expression de son visage me révéla qu’il connaissait déjà la réponse. Cette expression… Je m’étais sentie humiliée un peu plus tôt, quand Simon m’avait accusée d’être amoureuse de Derek, mais ce n’était rien comparé à ce que je ressentis alors en voyant le visage de Derek. Pas seulement surpris, mais choqué. Choqué et horrifié.
— Moi ? dit-il. Simon pense que toi et moi, on…
— Non, ce n’est pas ça. Il sait que nous ne…
— Tant mieux. Alors qu’est-ce qu’il s’imagine ?
— Que je suis amoureuse de toi.
Il me dévisager. Il resta planté là, bouche bée, comme s’il pensait avoir mal compris.
— Mais ce n’est pas vrai, dis-je à toute vitesse.
— Tu n’as pas intérêt, dit-il d’une voix grondante, et il adopta son froncement de sourcils caractéristique en se détendant tout de même un peu. Tu n’as pas intérêt, Chloé, parce que Simon t’aime bien.
— Je sais.
— Depuis qu’il a douze ans, il y a toujours eu des filles qui l’appellent tous les jours. Qui le suivent à l’école. Elles viennent même me parler pour essayer de se rapprocher de lui. Des filles mignonnes, populaires.
— Oh ! Je sais très bien ce que tu veux dire. Je devrais m’estimer heureuse de m’être trouvée là au moment où ces possibilités étaient, comment dire, inexistantes, parce que sinon je n’aurais jamais eu la moindre chance.
— Ce n’est pas ce que… Je n’ai jamais dit que…
— Je m’en fiche.
Je tournai les talons et m’apprêtai à partir dans la direction opposée quand il me retint.
— Simon t’aime beaucoup, Chloé. Oui, il est sorti avec plein de filles. Mais toi, il t’aime vraiment, et je croyais que tu l’aimais aussi.
— Mais oui. Simplement… pas de cette façon, je crois.
— Alors tu n’aurais pas dû le laisser penser que tu l’aimais de cette façon.
— Tu crois que j’ai joué les allumeuses ? Pourquoi j’aurais fait une chose pareille ? Pour m’amuser ? Comment aurais-je pu savoir ce que je ressentais pour lui avant qu’on sorte ensemble et que…
Je me tus. Je ne pourrais pas gagner cette fois-ci. Quoi que je dise, je resterais la sale garce qui avait blessé son frère.
Je me détournai et commençai à marcher le long de la lisière du bois.
— Où est-ce que tu vas ? lança-t-il.
— Tu ne veux pas me laisser rentrer dans la maison. Je suis sûre que Simon ne veut pas que je reste près de lui non plus. Donc apparemment, je vais me balader au clair de lune dans la forêt.