Voyant mes mains trembler de peur, je me rappelai que les moments les plus effrayants sont ceux où le courage compte vraiment.
- Comme dit le proverbe, c’est en perdant une chose qu’on en comprend la vraie valeur.
Je recommande vivement la frequentation des vampires au torse viril en therapie contre la depression. Ca fait des miracles.
De toute évidence, les histoires de cœur favorisaient la paresse intellectuelle.

- J'ai rencontré ton père.
- Je suis désolée de l'apprendre.
Il crispa les mains autour du verre.
- Tu n'es pas proche de ta famille ?
- Mon père et moi ne nous entendons pas. Nous avons des priorités différentes. Il se préoccupe uniquement de bâtir son royaume financier.
- Alors que ce n'est pas le cas de Merit, intervint Mallory. Elle se contente très bien de rêver de Lancelot et Tristan.
- Lancelot et Tristan ?
- Je... je travaillais sur monmémoire de thèse bégayai-je, gênée par l'allusion de Mallory à mon côté fleur bleue. Avant.
Ethan posa son verre sur le bar puis s'appuya contre le comptoir, les bras croisés.
- Je vois.
- Franchement, j'en doute fort. Mais si vous espériez que le fait de me transformer vous permettrait d'accédes à l'argent des Merit, vous n'avez pas de chance. Je n'ai aucun des deux, ni l'argent, ni l'accès.
L'air momentanément surpris, il évita mon regard en revenant vers son bureau. Quand il fut à nouveau assis, il fronça les sourcils à mon adresse. Ce n'était pas de la colère ; il paraissait intrigué.
- Et si je t'énonçais tout ce que je peux te donner ? Est-ce que cela t'aiderait à mieux vivre la transition ?
Mallory grogna.
- Je ne suis pas comme mes parents, répondis-je.
Il m'adressa un long regard, empreint d'une lueur de respect, cette fois.
- C'est ce que je commence à comprendre.
Dans la chambre fraîche et calme, avec encore quelques heures avant l'aube, je rejetai les couvertures, allumai ma lampe de chevet et choisis un livre de contes. Il ne me vint pas à l'esprit qu'étant donné l'état actuel de ma vie, je n'avais pas besoin de lire ce genre d'histoires. J'en vivais une.
- Est ce que tu imagines combien de temps et d'efforts j'ai consacrés à la prospérité de cette Maison ? Et cet humain insignifiant dans le cours de l'univers menace de tout réduire à néant !
Ethan prit son élan afin d'assener un nouveau coup. Il s'était déjà blessé aux articulations, et ce pauvre arbre ne se portait sans doute pas mieux. Je comprenais son besoin de se défouler après avoir été accusé à tort, mais se mutiler n'allait pas résoudre le problème. Il était temps d'intervenir.
Je me tenais sur la pelouse entre le bâtiment et le lac, un endroit qui me parut parfait pour détendre l'atmosphère.
- Pourquoi ne pas t'attaquer à quelqu'un de ta taille ? lui criai-je.
Il se tourna vers moi en haussant un sourcil d'un air de défi.
- Ne me tente pas, Sentinelle.
Quelques minutes avant l'aube, je descendis de la voiture et éclatai de rire en découvrant la banderole géante suspendue en travers de la porte d'entrée de la maison de Mallory.
C'était une bâche en plastique sur laquelle était imprimé en lettres blanches géantes : "JOYEUSE ÉTERNITÉ!".
Une tête de mort avec deux os croisés dessous ornait une extrémité de la banderole tandis que l'autre était agrémentée de pierres tombales de bande dessinée.

— Enfin bref, dit Scout, en général, la magie se manifeste à la puberté. Au début de la phase de transition vers l’âge adulte.
— Les séismes qui poussent en même temps que les seins ? Ça en fait, du changement.
— C’est clair, convint-elle en hochant la tête. C’est carrément flippant. Tu te réveilles un bon matin, et boum ! d’un seul coup, te voilà à porter des bonnets B et à manipuler la matière, à balancer des sorts, et à combattre les Faucheurs pour les empêcher de régner sur Chicago. Gossip Girl, à côté, c’est du pipeau.
Je la dévisageai pendant une minute, en essayant d’imaginer au mieux le type de vie que cela pouvait représenter. Pas tellement au niveau du bonnet B, quoique, de ce côté-là aussi, ça ferait une sacrée différence. Rapide coup d’œil à ma poitrine. Bon, pas une différence énorme, mais quand même…
— Tu es toujours avec nous ? demanda Scout.
Relevant la tête en vitesse, je sentis une vague chaleur envahir mes joues. Elle eut un sourire moqueur.
— J’ai pensé la même chose, avoua-t-elle en m’adressant un clin d’œil.
— Au lieu de glousser entre filles, intervint Michael, raconte-lui le gros souci.
— Il y a un souci ? demandai-je.
— C’est toujours comme ça, non ? rétorqua-t-elle.

Les mains sur les hanches, je le jaugeai du regard.
- C'est mieux.
Il ricana, l'air ravi.
Il m'envoya un autre coup de pied et, cette fois, je pensai à essayer une réponse un peu différente. Je dis un flip arrière doublé d'un ciseau ample qui m'envoya trois mètres au-dessus du sol et hors de portée de ses attaques.
Quand j'atterris, le combat commença vraiment. Nous bougions et tordions nos corps comme si la gravité n'avait aucune prise sur nous, comme si nous dansions un pas de deux.
- Bien, me dit-il, avec une lueur dans le regard.
ce fut alors que j'utilisai ma meilleure arme. Je feignis un coup de pieds latéral.
- Je ne suis qu'un soldat ordinaire, dis-je.
Il se figea, le visage décomposé. Profitant de cet instant de faiblesse, je pivotai pour lui asséner un autre coup de pied papillon.
Cette-fois, je le frappais en pleine poitrine.
Il fut projeté en arrière et percuta le sol dans un bruit sourd.
Le silence s'abbatit sur la salle... puis les applaudissements éclatèrent.