Catherine Dupont

Entrer en relation amoureuse fait en effet surgir non pas un mais deux monstres sur le terrain de vie des amoureux : d'un coté la peur d'être abandonné et de l'autre, à l'opposé, la peur de se soumettre entièrement aux désirs du partenaire et d'étouffer sous les contraintes de la relation. Le terrain sur lequel chacun peut se mouvoir dans ses relations amoureuses est donc considérablement réduit par la peur d'approcher de ces deux sources d'angoisse. C'est la raison pour laquelle certains d'entre nous choisissent de vivre seuls.

Il semble que notre inconscient soit doté de puissantes antennes qui détectent chez l'autre un partenaire potentiel pour résoudre nos failles psychologiques. Malheureusement, personne ne supporte le rôle de béquille très longtemps. Au fond, nous souhaitons tous être aimés pour ce que nous sommes et non pour ce que nous pouvons apporter à l'autre.

Pour que cela soit possible, il nous incombe de combler nous-mêmes nos failles narcissiques et non de demander à l'autre de remplir cette fonction. A nous de jouer !

Souvent au cours de notre vie, notre être profond se rebelle et demande à s'exprimer. Longtemps nous le faisons taire de peur d'être abandonnés en révélant notre vraie nature. Mais lorsque nous étouffons trop sous le poids de notre masque, nous n'avons plus d'autre choix que de révéler notre vraie personnalité et de briser nos chaines. Personne ne peut être gentil, disponible et généreux en permanence, nous tous par des moments d'égoïsme, de dureté et d'isolement.

A force de nous cacher derrière nos addictions et nos comportements conditionnés pour nous faire aimer, nous avons réussi à fuir nos émotions négatives de peur, de colère, de tristesse et de honte. Pour guérir, il est nécessaire de reconnaitre ce que nous fuyons, et de nous exercer peu à peu à vivre l'expérience émotionnelle. Pour cela, il est important de garder en mémoire cette citation de Sogyal Rinpoché : - ressentir n'est pas agir -.

Depuis l'enfance, il a toujours eu l'impression de courir après l'amour, ses sacs sont presque vides. Parfois, face au silence et à la froideur parentale, il s'est lui-même inventé des conditions qui le rendraient plus aimable. Il a essayé les stratégies classiques du bon élevé et du gentil fils, mais aucun résultat ne lui a fait sentier l'amour la considération parentale.

Etre dépendant affectif nous place dans la dépendance au regard de l'autre, parfois à un tel point que nous n'existons plus sans ce regard.

Etre dépendant, - accro -, c'est avoir un comportement compulsif, être incapable de résister à certains produits ou à certaines personnes, se trouver impuissant à refreiner des comportements ayant pourtant de graves conséquences.
L'addiction est synonyme d'asservissement et d'autodestruction.

On peut citer le trait d'humour de Sacha Guitry : "s'aimer, c'est ne faire qu'un... mais lequel ?".

Nous avons tendance à croire que l'autre nous ressemble, qu'il a le même fonctionnement que nous. Chacun croit se voir en regardant l'autre. Nous interprétons ainsi les mouvements, les paroles, les actes de l'autre à travers le filtre mental de nos propres croyances.

Je suis persuadée qu'il existe une autre voix consistant à annuler, jour après jour, les programmations de l'enfance qui ne nous conviennent pas et à nous aimer tels que nous sommes, acceptant ainsi de ne plus porter de masque.