Catherine Loisel

le collectionneur Pierre jean Mariette a joué un rôle essentiel dans la transmission de la mémoire des dessins de Ludovico .

l'influence de Ludovico Carracci sur l'art bolonais a perduré assez avant dans le XVIIème siècle.

cependant au delà de l'effet de style, c'est l'inépuisable inventivité de l'artiste qui force l'admiration.

e style des dessins de Ludovico au tournant du XVIIème siècle est marqué par une originalité affirmée et une grande variété dans les moyens utilisés.

a partir de ce moment, le gout de Ludovico pour les effets expressifs se manifeste fréquemment, jusqu'à produire des dessins parfois à la limite de l'hyperréalisme.

indéniablement la seconde moitié des années 1590 est marquée par un retour à la peinture vénitienne qui se manifeste dans l'organisation théâtrale des compositions dont témoigne en particulier le christ a la piscine de Bethesda.

la violence du trait de plume exprime la capacité de l'artiste à composer des scènes mouvementées et tragiques comme il le fera quelques années plus tard dans les épisodes de la prise de Troie.

Au début des années 1590 chacun des Carracci est engagé dans des travaux personnels à Bologne, Reggio Emilia et même Venise en ce qui concerne Agostino, mais l'oeuvre essentielle qui consacrera définitivement leur renommée leur est confiée par le sénateur Lorenzo Magnani dans le salon d'honneur de son palais bolonais.

La naissance du réalisme dans l'atelier des Carracci est au cœur des débats de l'historiographie dès le XVIIème siècle, mais l'origine de cette tendance est toujours attribuée à Annibale qui, aux yeux de certains auteurs, aura le mérite de l'abandonner en proposant un nouveau type de beauté idéalisée dans une brillante synthèse des canons de l'antiquité et de la renaissance associé au naturalisme de l'observation du vivant.

ainsi il est fascinant de constater comment une volonté commune et concertée de retrouver le sens du réel et du naturel face aux excès du maniérisme ambiant a pu aboutir à deux style distincts.

ainsi il est fascinant de constater comment une volonté commune et concertée de retrouver le sens du réel et du naturel face aux excès du maniérisme ambiant a pu aboutir à deux style distincts.

quelque soit l'objectif du dessin, il s'attache toujours à restituer l'expression personnelle de son modèle, désarroi, folie, ennui ou curiosité attentive.

Ses inventions ne brisent pas les conventions de manière révolutionnaire et attirent probablement moins le regard que celles d'Annibale. il s'agit plutôt d'une inépuisable fertilité de son imagination dans la mise en place des compositions et d'une utilisation puissante des effets lumineux pour exprimer les émotions.

dans l'organisation des compositions peintes, on retrouve des effets comparables: les formes se détachent, souvent à contrejour, dans un jeu de lignes élégamment croisées et avec une stylisation toujours raffinée.

il dessine d'après modèle et restitue avec justesse les caractéristiques anatomiques et l'expression de la pose, mais son dessin repose toujours sur l'usage de la ligne de contour du corps, du visage ou du drapé. Il introduit les effets d'ombre et de lumière qui assurent le volume.

la grande innovation de l'atelier des Carracci repose sur la recherche du naturel et sa transcription du dessin à l'oeuvre peinte.

ainsi au travers des dessins de cette époque parvenue jusqu'à nous, et qui sont dispersés dans les collections publiques et privées, se manifeste clairement une méthode de travail qui utilise le dessin d'après modèle pour restituer l'expression de la vue dans l'oeuvre définitive, le tableau de chevalet, fresque ou même gravure.

les premiers dessins préparatoires de Ludovico pour des œuvres peintes ou graves entre 1580 et 1588 témoignent de cette symbiose unique en son genre entre les trois cousins.

Ludovico reste longtemps marqué par sa formation d'origine: ses œuvres présentent jusqu'au début des année 1590, une surface lisse et raffinée alors que les effets de matière d'Annibale, sa pâte épaisse et ses coups de pinceau en relief dénotent un tempérament différent.

Parallèlement, l'étude du rendu des formes par la lumière dans les œuvres de Corregio, Barocci et les grands vénitiens, Titien, Véronèse, Bassano et Tintoret nourrit leur recherches.