Catherine Ngo

Genre : Témoignage

Avis : IMMERSIF



Quand le souffle de plusieurs générations habite un roman…

Catherine NGO, née à Paris, se pose des questions sur sa famille et veut transmettre à ses deux enfants l’histoire extraordinaire de son père qui a connu le régime des Khmers rouges et qui a réussi à leur échapper.

J’ai compris que ce premier roman est né durant le confinement et a été écrit pour donner à toute une famille une trace écrite de ce qu’a été la vie des rescapés du génocide cambodgien. Ce qui aurait pu rester privé a trouvé, grâce au crowdfunding, une expression publique qui ne peut qu’apporter respect aux survivants et répulsion envers les régimes totalitaires qui persistent dans le monde.

C’est un livre émotionnellement très fort, trempé dans l’encre des souvenirs, de ceux qui ont été récoltés auprès d’un père et consolidés par de nombreux autres témoignages. J’ai été conquise par l’élan de solidarité qui a permis à cette famille de survivre, par l’écriture respectueuse d’une femme née en France, que l’on sent envahie par le poids de l’héritage qu’elle veut révéler. Elle écrit et décrit toute l’intensité des situations sans atermoiement, arrangement, violence, révélant le courage de tous les instants dont la grand-mère omniprésente, le père, les oncles et les tantes ont su faire preuve pour survivre.

Aucune esbrouffe ni dans la forme, ni sur le fond : une humilité exemplaire pour porter à la connaissance du lecteur un récit, une expérience, une leçon de débrouillardise, une image du courage porté par une solidarité sans faille. Car c’est cela qui vit sous la plume d’une auteure habitée et sincère, qui fait parfois son autocritique au détour d’une page.

Ami lecteur, ce petit livre de 90 pages n’existe que parce que des personnes ont cru en l’histoire qu’il devait révéler. Faites-lui l’honneur d’être lu par le plus grand nombre, vous verrez de l’intérieur ce qu’aucun reportage n’a pu vous montrer.

Je remercie Catherine NGO pour sa confiance et sa générosité ainsi que Sophie Lim qui m’a fait le plaisir de me la faire connaître.


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« J’avais 15 ans lorsque mon père m’avait raconté pour la première fois qu’il avait fui le Cambodge à cause des Khmers rouges. Et que ces Khmers rouges étaient des communistes. Seulement, pour moi être communiste signifiait « vouloir partager ». »

Voilà commence l’histoire de la famille de notre auteure, Catherine Ngo. Une adolescente, qui à l’époque, ne comprenait pas tout à fait ses origines ou en avait pas totalement conscience. Mais qui, aujourd’hui, la trentaine passée, prend le temps de mettre des mots sur le vécu de sa famille, leurs ressentis, les siens… à travers leurs émotions : son héritage.

Retracer l’histoire de toute une vie de famille mais aussi de tout un peuple nous transporte dans un tourbillon d’émotions d’une rare tristesse. Les années soixante-dix auront marqué physiquement et psychologiquement tant d’hommes et de femmes réduits à la fuite pour certains, à l’esclavage pour d’autres ; tout ça par la force d’un homme au pouvoir et aux idéaux inhumains. Les mots ne sont, à mon goût, pas assez forts et puissants pour décrire l’horreur vécue et les conséquences sur toute une population et tant de générations.

Il est encore plus frappant de se rendre compte que tout cela ne remonte pas à si loin dans l’Histoire et que la cruauté humaine est toujours d’actualité.

Mes chères lectrices et chers lecteurs, si la perpective de vivre ou revivre la terreur que le Cambodge a dû subir ne vous fait pas peur, je vous recommande vivement de lire ce témoignage. Un témoignage bouleversant, sensible qui vous emportera à coup sûr dans une colère incontrôlable ; mais qui apportera aussi l’espoir de toute une famille qui s’est battue coûte que coûte pour s’en sortir ! Un récit à ne pas manquer et surtout pour ne pas oublier.

Je vous souhaite une bonne lecture.