[…] Maurice Million à propos de De Clerck ; cet armateur d'origine anglaise, établi à Dunkerque "avait armé pour la pêche à la baleine sur les côtes d'Islande et du Groënland en 1614. Les équipages y rencontrèrent de grands bancs de morues et, dès 1616, la pêche à la morue fut entreprise. Avant d'embarquer, les matelots étaient invités par les armateurs à la fête du Folhuys. Ils y mangeaient, buvaient à satiété, puis parcouraient la ville et les estaminets du port, derrière une musique improvisée composée de vilons, tambours et fifres. Ils se rendaient ensuite au bal..."
Plus tard, parents et amis prirent l'habitude de se mêler à la fête...
"Où irons-nous le mercredi des Cendres,
A Rosendael ou bien chez Fricoteau ?
Pour boire un coup et manger un morceau …
Chantons tous ensemble au joyeux signal
Chacun se rassemble pour le Carnaval...
Vive les enfants d'Jean-Bart
Ce sont des fameux gaillards
Pour les bals et pour les fêt's du Carnaval..."
[..] le soir tombé, tous les carnavaleux se rassemblent sur la place autour de la statue de Jean Bart et, tous à genoux, la main dans la main, la larme à l'oeil, ils chantent l'Hymne à Jean Bart, moment le plus émouvant du Carnaval :
Jean-Bart, Jean-Bart, salut à ta mémoire,
De tes exploits, tu remplis d'univers
Ton seul aspect commandait la victoire
Et sans rival tu régnas sur les mers
Jusqu'au tombeau, France, mère adorée,
Jaloux et fier d'imiter sa valeur
Nous défendrons ta banière sacrée
Sur l'océan qui fut ton champ d'honneur.
Jean-Bart, Jean-Bart, la voix de la Patrie
Redit ta gloire et ton nom immortel
Et la Cité qui te donna la vie
Erigera ta statue en autel...
Les Fêtes ont perdu de leur importance avec la division du travail et l'organisation de la cité. Elles ont perdu leur ampleur, le caractère total qui faisait de l'Antiquité turbulence une suspension complète du jeu des institutions et une mise en question intégrale, quoique momentanée, de l'ordre établi. (...) Le désordre aujourd'hui est banni : tout au plus en tolère-t-on le simulacre...
La Fête régénère le monde réel et lui donne un souffle nouveau.
La Fête est le bienheureux chaos retrouvé qui suspend l'ordre parfois trop contraignant du monde. (...) Et les fêtes du Carnaval semblent ainsi faire écho aux Fêtes de l'Antiquité...