Sur le plan technique, Rodin mit à profit les conseils d'un vieil ornemaniste réputé, Constant Simon, qui lui démontra qu'inspiré par la nature, il ne devait pas seulement copier la feuille ou la tige, mais l'interpréter en lui donnant plus de relief. Il reçut les encouragements du statuaire et portraitiste Jules Klagmann dont il aimait à rappeler l'élégance et la qualité des œuvres. Il complétait cet apprentissage pratique par son assiduité aux cours du soir de la Manufacture des Gobelins. Cette existence laborieuse compliquée par une période de privations, ses gains n'étant pas en rapport avec ses efforts et la qualité de son travail, entraîna l'affaiblissement de sa santé. Le témoignage de ses camarades permet d'évoquer son caractère secret, craintif devant la vie. Les documents iconographiques conservés, dessins et photographies, aident à découvrir un personnage connu surtout dans son ère de gloire.
Sa santé fragile souvent compromise par l'excès de travail l'obligeait à se tenir à l'écart des plaisirs de camarades plus âgés que lui. Auprès de certains, il a éprouvé l'humiliation due à son ignorance. Le besoin d'acquérir une culture générale va occuper le peu de loisirs dont il peut disposer. Sa soif de connaissances nouvelles le dirige vers la littérature romantique, les classiques de l'Antiquité grecque et romaine, l'histoire; il suit les cours du Collège de France. Dans son désir de mener plus loin ses études, il rêve d'entrer à l'Ecole des Beaux-Arts qui seule alors peut mener à la reconnaissance officielle du talent. Jean-Baptiste Rodin, malgré les résultats obtenus, est demeuré prudent devant l'avenir incertain réservé aux artistes.
Le sculpteur ne s'est évadé de l'emprise mystique familiale qu'après la douloureuse épreuve de la mort de sa sœur Maria, suivie de son essai de vie religieuse. Sa rencontre avec Rose Beuret (1864) est décisive pour sa libération. L'étude des œuvres créées à partir de 1860 permet de comprendre le lent cheminement de sa pensée, sa patiente observation de la nature et du monde qui l'environne, sa recherche d'une technique expressive. Après l'Age d'airain (1877), la voie est tracée.
S'il fait allusion aux années difficiles, c'est pour rendre plus évidente la vérité sur les luttes qu'il avait dû soutenir pour défendre ses idées. Judith Cladel, qui fut le témoin presque permanent du déroulement de sa vie et de son évolution, était sans pouvoir d'introspection sur lui. S'il a évoqué pour elle certains souvenirs de sa jeunesse ou de sa vie privée, il lui a expressément recommandé de n'en jamais parler dans ses écrits.