Exposition "Jean-Michel Alberola" à la BNF présentée par Céline Chicha
Rien d'étonnant à priori que Zao Wou-Ki, formé comme un lettré chinois, cherchât le dialogue avec des poètes de son temps : "Dans la tradition chinoise, peinture et poésie sont intimement liées au point qu'il n'est pas rare qu'un poème soit écrit dans une partie vide du tableau. J'ai lu de la poésie dès mon enfance. j'ai appris à la lire quand j'apprenais à écrire. Je ressens ces deux expressions comme étant de même nature, physiquement. [...] Ce que j'aime par-dessus tout dans la poésie, c'est le sentiment de liberté, de circuler à travers les phrases. Chaque mot trouve sa place dans un ensemble unifié, se referme sur un tout où chacun peut, en toute insouciance, se promener, s'arrêter, revenir en arrière, respirer. On bute sur un point et c'est un merveilleux moment de silence, comme un morceau de vide dans le tableau." (p. 20)
Zao Wou-Ki et le livre
Henri Michaux disait avant de connaître les lithographies de Zao Wou-Ki : "Les livres sont ennuyeux à lire. Pas de libre circulation. On est invité à suivre. Le chemin est tracé, unique." Orné par Zao Wou-Ki, le livre s'ouvre à d'autres dimensions. Plus encore, ses estampes qui sont de "l'espace du dedans", nous touchent et nous émeuvent car, comme le lui écrit Philippe Jaccottet, "elles essaient de se promener entre le coeur et le monde".
Préface, Bruno Racine
"J'étais obsédé par l'idée que je devais chaque jour trouver un sujet : un bateau, deux bateaux, trois bateaux, une nature morte, un paysage. Cela devenait un problème de mise en page, d'arrangement. Il fallait découvrir une variation, créer une atmosphère, rendre compte du présent. Mais où était le monde de la peinture, celui qui fait voir les choses autrement, d'un point de vue seulement pictural ? Il fallait inventer un langage qui échappât aux limites du choix du sujet." (p. 29)
La période Klee de Zao Wou-KI. Découverte et influence, 1951-1954
En 1948, l'année où Zao Wou-Ki arriva en France, le jeune Musée national d'Art Moderne à Paris présenta une rétrospective des oeuvres de Paul Klee. Bernard Dorival, conservateur au Musée, voyait dans ce choix un hommage mérité : "Klee est, avec Picasso, un des plus prestigieux inventeur de formes contemporaines et, plus que Delaunay ou que Kandinsky, le fondateur de l'actuelle peinture réputée "non figurative" ", écrivait-il. (p. 27)
La période Klee de Zao Wou-Ki. Découverte et influence, 1951-1954
Me sentant dégagé de la Chine, je pouvais aller à sa rencontre.