Quels mots pourraient exprimer ce qu’il ressent ? Ils doivent exister. Mais, dans ce cas précis, Sylvain a l’impression d’une pensée en dehors de tout support des mots. C’est comme si, devenue un oiseau, elle s’envolait dans toutes les directions. Sa pensée s’orne de plumes vert jaune et rit aux éclats. « Kiakiakiak ! » Elle met du temps avant de pouvoir se poser. Sylvain murmure « Pic vert, pic vert, pic vert ». Puis sa pensée se formule ainsi « Tout près, ri re et ai les, dé si rés ». Elle part de la paroi gauche de son crâne, galvanise ses circuits neuronaux, se fiche, triomphale, contre la paroi de droite. « Kiakiakiak ! » et le manège recommence.
Sylvain Breuil, issu d’une femme sans corps et d’un homme sans mémoire, éprouve des sensations qu’il n’a jamais ressenties jusqu’ici.