Vieux Bob disait parfois que j'étais un décroissant, comme lui, un de ces gars qui ne croient plus au progrès, qui rejettent l'idée même de consommation, et méprisent plus que tout la course à la réussite sociale. J'avais peut-être en apparence quelques points communs avec les décroissants, mais aucune prise de conscience, aucun choix politique, aucune volonté de sauver la planète n'était à l'origine de ma décision de vivre dans une cabane. Simplement une grande fatigue causée par un ras-le-bol de l'humanité qui s'était carambolée avec une cruelle désillusion sentimentale. Je me sentais ainsi plus proche d'un misanthrope ou d'un amoureux déçu que d'un militant altermondialiste.