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Citation de emdicanna


Je relis David Copperfield, et vous livre un passage qui résonne lugubrement, et d'une manière tellement actuelle, avec une certaine violence dans le couple et la famille qui peut enfin être condamnée par la loi ; mais quand le mal est déjà fait. Quelqu'un d'infiniment proche de moi l'a subie. Les livres de Dickens restent totalement d'actualité, hélas.

- " Croyez-vous, dit ma tante en faisant la sourde oreille au discours de la soeur et en continuant à s'adresser au frère et à secouer la tête d'un air de suprême dédain, croyez-vous que je ne sache pas la vie que vous avez fait mener à cette pauvre enfant si mal inspirée ? Croyez-vous que je ne sache pas quel jour néfaste ce fut pour cette douce petite créature que celui où elle vous vit pour la première fois, souriant et faisant les yeux doux, je parie, comme si vous n'étiez pas capable de faire du mal à une mouche ?
...
- Croyez-vous que je ne comprenne pas votre jeu comme si j'y avais été ? continua ma tante, maintenant que je vous vois et que je vous entends, ce qui, à vous dire le vrai, n'est rien moins qu'un plaisir pour moi. Ah ! certes, il n'y avait personne au monde d'aussi doux et d'aussi soumis que M. Murdstone dans ce temps-là. La pauvre petite innocente n'avait jamais vu un tel homme. Il était tout sucre et tout miel, il adorait la mère : il avait une passion pour le fils, une véritable passion ! Il serait pour lui un second père, et ils n'avaient plus qu'à vivre tous ensemble dans un paradis plein de roses, n'est-ce pas ? Allons donc, laissez-moi tranquille ! dit ma tante.
...
- Et quand vous avez été sûr de cette pauvre petite insensée, dit ma tante (Dieu me pardonne d'appeler ainsi une créature qui est maintenant là où vous n'êtes pas pressé d'aller la rejoindre !), comme si vous n'aviez pas fait assez de tort à elle et aux siens, vous vous êtes mis à commencer son éducation, n'est-ce pas ? Vous avez entrepris de la dresser, et vous l'avez mise en cage comme un pauvre petit oiseau, pour la faire mourir à petit feu, pauvre fille abusée, et lui apprendre à chanter le même air que vous !
...
- Oui, monsieur Murdstone, continua-t-elle en pointant le doigt vers lui, vous vous êtes fait le tyran de cette innocente enfant, et vous lui avez brisé le coeur. C'était un bébé plein d'amour, je le sais, je le savais bien des années avant que vous la vissiez, et vous avez bien choisi son point faible pour lui porter les coups dont elle est morte. Voilà la vérité, faites-en ce que vous voudrez...
...
Il était clair, comme je vous l'ai dit, bien des années avant que vous la vissiez, (et il est au-dessus de la raison humaine de comprendre pourquoi il est entré dans les vues mystérieuses de la Providence que vous la vissiez jamais), il était clair que cette pauvre petite chose fragile se remarierait un jour ou l'autre, mais j'espérais que cela ne tournerait pas aussi mal ; c'était à l'époque où elle mit au monde son fils que voici, monsieur Mursdone ; ce pauvre enfant dont vous vous êtes servi parfois pour la tourmenter plus tard, ce qui est un souvenir désagréable, et vous rend maintenant sa vue odieuse. Oui, oui, vous n'avez pas besoin de tressaillir, continua ma tante, je n'ai pas besoin de ça pour savoir la vérité."
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