Charles Ficat -
Henry Miller "
Le monde du sexe" .
Charles Ficat présente l'ouvrage d'
Henry Miller "
Le monde du sexe" aux éditions Bartillat. Avant-propos de
Charles Ficat. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Guillaume Villeneuve. http://www.mollat.com/livres/miller-henry-monde-sexe-9782841004843.html Notes de Musique : Scrab T Tortue Super Sonic
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TABLE DES MATIERES
ALEXANDRE VIALATTE
Tout commence dans un jardin
DENISE ET JEAN-PIERRE LE DANTEC
La légende de Saint Fiacre
EDGAR. A. POE
le domaine d'Arnheim
PIERRE DE RONSARD
Quand je pense à ce jour où, près d'une fontaine
CHEN FOU
Les petits agréments de l'existence
CHARLES GROS
Soir éternel
OCTAVE MIRBEAU
Le vilain bouc que vous êtes
XENOPHON
Le roi des Perses
JACQUES BENOIST-MECHIN
Une visite à Grenade fait resurgir en moi la passion des jardins
PIERRE LOUYS
Les jardins de la déesse
PALLADIUS
Conseils de jardinage
GUSTAVE FLAUBERT
Séance de jardinage
NICOLAS BOILEAU
A mon jardinier
PLINE LE JEUNE
Ma villa de Toscane
BOCCACE
La troisième journée
MAURICE BARRES
Les jardins de Lombardie
MURASAKI SHIKIBU
La tempête
EDMOND DE GONCOURT
Jardin
JORIS-KARL HUYSMANS
Le jardin intérieur de des Esseintes
CHARLES BAUDELAIRE
Les veuves
VICTOR HUGO
Le jardin de la rue Plumet
EMILE ZOLA
Le jardin qui avait voulu la faute
ALPHONCE KARR
Histoire des tulipes d'Arnold
JOHANN PETER ECKERMANN
Le jardin de Weimar
JEAN DE LA FONTAINE
Le Philosophe scythe
GEORGE DU MAURIER
Le jardin de mon enfance
PAUL VERLAINE
Après trois ans
JEAN-JACQUES ROUSSEAU
A Milord Edouard
kATHERINE MANSFIELD
La garden party
CHARLES PEGUY
Le jardin à la française
ADRE VERA
Le Nôtre et les Modernes
LOUIS DE SAINT-SIMON
La mort de Le Nôtre
Notices sur les auteurs
Le génie est un voyageur oppressé, accompagné de son ombre, un « vagabond, nourri du vin des cavernes et du biscuit de la route ». Notre temps n'est ni plus ni moins favorable au génie qu'il ne le fut jadis. Le génie transcende les siècles. Il n'est pas de son époque, mais il la saisit dans tous les sens et s'en accommode pour bâtir son œuvre, quitte à souffrir.
Jean Cocteau interroge et répond : « Qui fait la grandeur de la France ? C'est Villon, c'est Rimbaud, c'est Verlaine, c'est Baudelaire. » Tous poètes, qui ont connu la prison ou essuyé une condamnation. Un casier judiciaire vierge ne sert en rien à l'écriture de beaux vers. La réponse de Cocteau, qui figure dans La Difficulté d'être est pesée. Elle place la poésie au premier rang des critères d'une civilisation. En comparaison, la politique ou l'économie sont secondaires.
Le poète voleur de feu terrasse n'importe quel important. Il le bouscule, le rejette, le renvoie à son néant. Rimbaud fut à la pointe de tous les renversements. Lui saura toujours s'adresser aux âmes ardentes, éprises de tempêtes, y compris dans l'éloquence de son silence, plus vibrant que tous les discours. Écoute et tends l'oreille de ton cœur...
La vie poétique autorise la célébration de la vie ouvrière, mais non son adoption, car alors on risque d'y perdre son élan. D'ailleurs dans Une saison, l'effroi de la colère éclate : « Maîtres et ouvriers, tous paysans, ignobles. »
Cette expérience l'a fracassé. Le retour au réel fut rude, triste et cruel. « Moi ! Moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre ! Paysan ! » La chute se fit dans la douleur. Rimbaud condamné !
Le travail ! Tel serait l'horizon. Plus de poèmes jetés au vent, plus de débauche. Du sérieux, du difficile et du douloureux. De « la réalité rugueuse à étreindre »
Rimbaud ne vit que dans l' ici et maintenant. La patrie n'a mené à rien qui vaille :
La défaite sans avenir.
Il a assisté à l'effondrement de 1870. Son commentaire le 25 août :
C'est effrayant, les épiciers retraités qui revêtent l'uniforme ! C'est épatant comme ça a du chien, les notaires, les vitriers, les percepteurs, les menuisiers, et tous les ventres, qui, chassepot au cœur, font du patrouillotisme aux portes de Mézières ; ma patrie se lève !… moi j'aime mieux la voir assise ; ne remuez pas les bottes ! C'est mon principe.
N'est – ce pas atrocement commun d'aimer Rimbaud ? Se rallier à un vulgaire conformisme bourgeois ? S'enthousiasmer pour une vieille lune incompréhensible ? Développer un défaut de croissance ? Adhérer au goût officiel des institutions ? Sûrement.
Mais rien ne fera que, lorsque Rimbaud tiendra l'archet, aussitôt débute une symphonie rationnelle, passionnée et mystique, qui descend dans les profondeurs de l'être. Le naufrage est assuré. L'âme chavire. Nul radeau à l'horizon !
Rimbaud, lame coupante qui déchire le rideau des apparences. Traversant l'horizon, il ressemble à son « génie : « Il est l'affection et l'avenir, la force et l'amour que nous, debout dans les rages et les ennuis, nous voyons passer dans le ciel de tempête et les drapeaux d'extase. »
Dans Le Temps des assassins, l'essai qu'il a consacré à Rimbaud, Henry Miller donne les critères propres au génie : « Premier signe : on n'a pas besoin de lui ; deuxième signe : il crève de faim ; troisième signe : il ne sait où reposer sa tête ».
La première étude de l'homme qui veut être poète est sa propre connaissance, entière ; il cherche son âme, il l'inspecte, il la tente, il l'apprend. Dés qu'il la sait, il doit la cultiver ; cela semble simple : en tout cerveau s'accomplit un développement naturel ; tant d'égoïstes se proclament auteurs ; il en est bien d'autres qui s'attribuent leur progrès intellectuel ! Mais il s'agit de faire l'âme monstrueuse : à l'instar des comprachicos, quoi ! Imaginez un homme s'implantant et se cultivant des verrues sur le visage.
Introspection et discernement sont à pratiquer. On ne saurait attribuer à soi seul son progrès intellectuel. Pascal avait déjà formulé une idée similaire, ô combien lucide : « Certains auteurs, parlant de leurs ouvrages, disent : « Mon livre, mon commentaire, mon histoire,etc. » Ils sentent leur bourgeois qui ont pignon sur rue, et toujours un « chez moi » à la bouche. Ils feraient mieux de dire : « Notre histoire, etc. », vu que d'ordinaire il y a plus en cela du bien d'autrui que du leur.