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Critiques de Charles Pinot Duclos (4)
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Les Confessions du Comte de ***

Les Confessions du comte de *** est certainement l’œuvre la plus connue de Charles Duclos et l’une de celles à laquelle pense tout connaisseur de la littérature libertine du 18e siècle. Comme plusieurs autres lecteurs, j’ai pensé aux Egarements du cœur et de l’esprit de Crébillon fils dès les premières lignes : il s’agit en effet à nouveau d’un roman-mémoires, narré par un libertin accompli qui revient sur ses premières années dans le monde. Pour ce faire, Duclos a choisi le médium de la lettre à un plus jeune, surpris de voir son aîné se retirer du monde. Apparaît donc déjà une dimension éducative, qui reviendra à deux reprises dans le récit : le comte de *** entreprend de raconter son histoire afin de préserver son destinataire que lui-même a commise (ou du moins afin d’essayer).



Si le parallèle avec l’œuvre de Crébillon fils apparaît rapidement, les différences interviennent assez tôt également : le comte est en effet moins maladroit que son prédécesseur, Meilcour, son initiatrice moins subtile que la prudente Madame de Lursay, et la conquête achevée en peu de pages. Commence ensuite alors l’initiation libertine du jeune héros, volant de femme en femme, sous la forme d’un roman-liste. Par le biais de ses aventures galantes, il explore différentes strates de la société (mais évite encore le peuple proprement dit et reste dans les sphères fortunées), ainsi que différents pays. Cela lui donne l’occasion de catégoriser les femmes en fonction de leur origine sociale, nationale (on voit là intervenir la théorie de l’influence du climat sur les tempéraments) et en fonction de leur attitude (les provinciales, les précieuses, les fausses prudes, les coquettes, etc.) Au terme de la première partie, le comte de *** est donc un petit-maître accompli. Bien que je n’apprécie que peu les romans-listes, où les aventures se succèdent sans véritable lien entre elles et où l’action romanesque semble primer sur l’aspect psychologique si bien développé par Crébillon (dans ce roman-ci de Duclos et dans celui de Mirabeau cité ci-dessous en tout cas), j’ai été intéressée par ces diverses conquêtes du héros de Duclos : j’ai eu le sentiment d’assister à une démonstration du discours que Versac aurait pu tenir au jeune Meilcour (ce dialogue sur les femmes est malheureusement absent, du fait de l’inachèvement du roman de Crébillon, ce que je ne cesse de regretter).



La seconde partie est assez différente de la première et propose un autre type d’enseignement : celui d’un amour pur, alliant à la fois la tendre amitié et le sentiment, rejetant à la fois l’insensibilité de l’amour mondain et la violence de l’amour-passion. Le rythme du récit se ralentit et les personnages acquièrent plus de profondeur que dans la première partie, sans doute pour accentuer le caractère vide de la vie menée dans la première partie. Cette éducation grâce à Mme de Selve ne se fait pas sans mal et quelques entorses, qui conserve un peu de piquant à ce final.



Dans l’ensemble, j’ai apprécié découvrir dans ce roman le parcours complet d’un libertin, tel que Crébillon l’a esquissé avec beaucoup de réussite sans le terminer, mais n’en préfère pas moins ce dernier : le style de Duclos est plus sec, son ton plus généralisant et attaché aux actions qu’à la description psychologique et fine des individus. Ce fut donc une lecture plus intéressante que vraiment plaisante pour moi.
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Considérations sur les moeurs de ce siècle

Considérations sur les moeurs de ce siècle. 1751.

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Peut-être est-ce une édition originale de 1751, peut-être est ce un faux. Mais j'ai ressenti une émotion particulière en lisant ce livre.

"Considérations" est un essai sociologique avant l'heure. Duclos appelle ça la science des moeurs. Il les définit comme "les habitudes naturelles ou acquises pour le bien ou le mal", et se propose de les observer.

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Avec de l'imagination, je me suis dit que j'avais peut-être entre les mains un livre que LouisXV auquel il était adressé, ou Mme de Pompadour qui protégeait Mr Duclos, avait feuilleté. Telle était mon émotion. Je sais, c'est puéril, mais ça fait du bien.

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L'éducation, les préjugés, la politesse, les louanges, la probité, la vertu, l'honneur, la réputation, la célébrité, la considération, les grands seigneurs, le crédit, ...etc...sont passés au crible.

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Sans citer de noms, Duclos, issu de la riche bourgeoisie, a la dent dure avec les gens de cour, dont il faut malgré tout respecter la naissance. Certains sont vaniteux, et "la vanité sotte décide sans juger", ce qui peut salir une réputation, etc...

La formation du citoyen est la préoccupation principale de l'auteur, et tout en pondérant les choses, la ville de Sparte est pour lui, un modèle. Celui-ci est, on s'en doute, assez éloigné des frivolités des gens de cour et des parisiens du XVIIIè siècle.

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J'ai développé un premier modèle sur les écrits de l'auteur quant aux finalités de l'éducation.

Quoi et comment enseigner ? L'instruction qui découvre les talents et les esprits, doit être englobée dans l'éducation qui développe les qualités de coeur et les sentiments, afin, par la morale, de créer des citoyens ayant des valeurs humanistes et patriotes. Je suis assez d'accord.

Au fil des chapitres, on constate que ce n'est pas du tout ce qui est recherché dans la société du XVIIIè siècle. le modèle social de l'auteur se développe, et l'on s'aperçoit qu'il dégage trois catégories de personnes du "monde" et de la cour. J'ai donc développé un deuxième modèle là dessus :

- les bienveillants, qui ont des qualités de coeur ;

- les orgueilleux, qui recherchent le faste pour impressionner ;

- les calculateurs ingrats qui recherchent partout et dans toutes les situations leur intérêt.

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Mais le livre est bien plus riche que ça, et il serait intéressant qu'un Edgar Morin ou un Pierre Bourdieu se penche sur ce livre. Non seulement ces analyses sont bien faites, malgré la censure possible qui doit courir à l'époque, mais, par rapport à une possible édition contemporaine, j'ai eu plaisir à lire l'orthographe plus simple du moment, l'épître adressée au roi, les "approbations" de Fontenelle et Saurin.

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Outre la couverture en peau de veau, j'ai eu droit aux "s longs" qui m'ont donné l'impression d'avoir un cheveu sur la langue !
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Histoire de Madame de Luz : une anecdote du..

« Il me semble que la vertu d’une femme soit dans ce monde un être étrange contre lequel tout conspire » [p. 18] : ainsi pourrait-on résumer ce roman, tout entier annoncé dans sa première phrase. Tout au long du texte, la belle et vertueuse Madame de Luz va être en proie aux avances de libertins et d’hommes plus ou moins bien intentionnés. Sa résistance sera à la fois mise à l’épreuve par l’amour qu’elle-même ressent pour l’un de ses soupirants et par la violence ou le chantage d’autres. Puisqu’il s’agit d’un roman de la vertu malmenée, vous vous doutez certainement de l’identité de ceux qui sauront la faire fléchir… Par cet aspect, cette histoire m’a rappelé les plus tardives Infortunes de la vertu du marquis de Sade : la même répétition des épisodes et le même acharnement du sort constituent la trame du récit, exprimée dans un style très épuré, sans scène érotique explicite. Malheureusement, ce parallèle a eu les mêmes effets sur moi : ces répétitions ont causé mon ennui croissant, malgré une plus grande empathie pour Madame de Luz que pour Justine. Toutes deux sont vertueuses et s’en tiennent à cet état d’esprit, malgré les épreuves traversées : il devient difficile de ne pas avoir envie de les pousser au vice afin qu’elles goûtent un peu de bonheur en ce monde où « la vertu [dépend] si fort des circonstances » [p. 75].



Comme je l’ai brièvement mentionné ci-dessus, Madame de Luz doit également lutter contre son amour pour un jeune homme, le marquis de Saint-Géran : celui-ci aime sincèrement l’héroïne et sait cet amour partagé. Malgré ses promesses, cela le rend de plus en plus pressant au fil des jours. Telle la princesse de Clèves, Madame de Luz résiste et cherche à fuir cet amant si difficile à contenir. Moins naïve que la précédente et plus au fait des usages du monde, elle déploie de meilleures stratégies selon moi et a pour cette raison davantage suscité mon intérêt. Tandis que Madame de La Fayette développait davantage la psychologie de son personnage, Charles Duclos se situe plutôt dans l’action romanesque, bien qu’il laisse ici et là quelques réflexions sur la vertu. Malgré ces différences, je ne place pas moins ce roman dans la lignée des romans historiques de l’époque, notamment pour son dénouement : comme l’indique le sous-titre, l’action se déroule au temps d’Henri IV, période sublimée et perçue comme celle de la galanterie par les hommes des 17e et 18e siècles.



En conclusion, un roman plaisant, mais guère plus original que les précédents de la tradition.
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Les Confessions du Comte de ***

Cette œuvre du XVIIIe siècle est une satire libertine qui a suscité l'attention et la controverse à l'époque. Plongeons dans cet univers littéraire avec une exploration libre de cette pièce énigmatique.



Situons-nous dans la France du XVIIIe siècle, une période où les salons littéraires et les pamphlets circulaient librement, défiant les normes sociales de l'époque. "Les Confessions du Comte de ***" est une œuvre qui joue avec les conventions, une plongée dans les confessions d'un libertin.



Le premier acte de cette comédie libérée nous transporte dans les méandres du libertinage du Comte, exposant ses expériences et ses escapades avec un mélange de satire et de désinvolture. Duclos, tel un jongleur des mots, jongle avec le langage pour offrir une expérience littéraire qui oscille entre le scandaleux et l'ironique.



Le style de Duclos, c'est une plume qui danse sur la ligne fine entre la frivolité et la subversion. Ses descriptions, parfois crues, parfois poétiques, capturent l'esprit du libertinage de l'époque. Chaque page semble être un clin d'œil complice à un public qui était prêt à s'aventurer hors des sentiers battus de la morale.



La structure de l'œuvre, avec ses confessions débridées, ressemble à une mise en scène théâtrale de l'intimité du Comte. Chaque confession, chaque récit, dévoile un pan plus profond de la psyché libertine, créant une narration fragmentée qui révèle autant qu'elle cache.



En conclusion, "Les Confessions du Comte de ***" est une pièce provocante qui témoigne du penchant libertin du XVIIIe siècle. Duclos, avec sa plume acérée, offre une satire audacieuse qui résonne avec l'esprit libertin de l'époque. Cette œuvre, à la fois scandaleuse et littérairement ingénieuse, s'inscrit dans le courant de la satire libertine du XVIIIe siècle, invitant le lecteur à explorer un monde où les conventions étaient faites pour être brisées.
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