Charline Martinez

" Mais le jeune garçon ne répondit pas de suite parce qu'il rêvassait dans les quartiers terreux, près de la grande ville. D'ailleurs, à cet instant là, le jeune homme s'engouffra dans les terres qui jouxtaient la vie si paisible des citadins. Après avoir vu les beaux quartiers d'Ophélia, il s'y était perdu, en ces lieux misérables. (…) Il dissimula son appareil photo dans l'intérieur de sa veste. Ici, il n'avait décidément pas le coeur à cela. Tom observa le tas d'enfants et de vélos qui s'activaient dans la ruelle délabrée du quartier pourri où il était et comprit que la pourriture ne provenait guère des habitants mais plutôt des rats qui couraient ça et là. Des enfants crades aux sourires débordants d'amour le frôlait. Et tout près de lui, une femme langeait son bébé sur une table en bois détrempée par les pluies successives. La femme le vit, son marmot piailla et Tom sourit. (…) Dans un coin de route terreux, une fillette tremblante enveloppée d'une simple écharpe en laine. A côté d'elle, une poule errante aux plumes collées de saleté se dandinait fièrement sur ses pattes frêles, frêle comme l'enfant, dont on devinait chacun de ses os. "

" _ Alors, je crèverai ainsi, souffle t il allongé sur le dos, les yeux rivés vers le ciel. Sans avoir sauvé les miens. Comme un homme banal qui s'éteint. Sans avoir été le Grand de quelqu'un. Ouai. Juste...comme on souffle la flamme d'une vulgaire bougie...parce que la vie est éphémère et que c'est ainsi.

Une seconde explosion résonne et des sirènes retentissent. Alec se prépare au pire. Mais lui, il veut une belle mort. Les paupières closes, il cherche à embellir l'instant, tragique. Il s'imagine les enfants qu'il n'a pas. Comment auraient-ils été ? Vaillants comme leur mère, ou bien lâches comme leur père ? Nul ne le sait. Alec soupire. Il est prêt à entamer le long voyage. C'est seul, qu'il marmonne :

- C'est l'histoire d'une quête, d'une recherche, d'un Graal...l'histoire d'un homme qui a raté sa vie au profit de sa carrière, d'un homme qui désirait tellement être aimé qu'il n'aimait jamais assez...l' histoire parfaite du type paumé et superficiel. Toujours respecté, jamais considéré à sa juste valeur. Ouai. C'est mon histoire, quoi…"

" Et c'était le 13 décembre. Un jour banal comme tant d'autre, qu'un immeuble s'était effondré sur moi"