Yann aimait les aubes et les crépuscules, ce franchissement délicat des lumières aux heures bleues de la vie. Il disposait des bougies partout dans sa case, il n’avait pas l’électricité. Il se douchait au seau d’eau, caché derrière le vieux banyan, celui qui clôturait son jardin pour ouvrir sur le mien. Yann marchait pieds nus, ses mains étaient énormes. Elles agrippaient des noix de coco, des papayes et des mangues tombées mûres dans les rues de La Saline. Il me les offrait. Je m’en nourrissais. Yann avait prise sur tout.