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Citation de mimo26


mimo26
25 septembre 2018
Sur le chemin du retour, papa s’était arrêté à l’épicerie du coin et
c’est quand il est reparti qu’un automobiliste bourré a brûlé un feu
rouge et les a percutés de plein fouet. Cet enfoiré a transformé notre
break en accordéon. Je me suis souvent demandé s’ils seraient
toujours en vie si je n’avais pas supplié mon père de passer prendre de
la glace pour le dessert. Pendant des années, je me suis dit que rien de
pire que leur mort ne pouvait m’arriver. Grave erreur.
Je note deux détails avant de perdre connaissance à cause de la
piqûre : la couverture rêche contre mon visage et une vague odeur de
parfum.
Mon premier réflexe en me réveillant a été de chercher mon chien.
J’ai ouvert les yeux et vu un oreiller blanc, alors que le mien était
jaune.
Je me suis redressée si vite que j’ai failli tourner de l’oeil. J’avais la
tête qui tournait et une terrible envie de vomir. Les yeux grands
ouverts, attentive au moindre son, j’ai commencé par regarder autour
de moi.
Je me trouvais dans une cabane en rondins de cinquante mètres
carrés et j’étais seule. Mon soulagement a été de courte durée : s’il
n’était pas là, où pouvait-il bien être fourré ?
Du lit, je voyais presque tout le coin cuisine, ainsi qu’une porte à
gauche du poêle à bois. J’ai cru qu’il faisait nuit avant de m’apercevoir
que les deux fenêtres étaient obturées. Toutes les lampes étaient
allumées. Mon premier réflexe a été de me précipiter à la cuisine, à la
recherche d’une arme quelconque, mais les effets du produit ne
s’étaient pas complètement dissipés et je me suis écroulée sur le
plancher, incapable de me servir de mes jambes.
Il m’a fallu plusieurs minutes avant de pouvoir ramper et me
remettre debout. Les tiroirs et les placards étaient presque tous
cadenassés, le frigo aussi. Je me suis appuyée sur le plan de travail et
le seul tiroir que j’ai réussi à ouvrir contenait des torchons. Pas terrible
pour se défendre. Je me suis rempli les poumons à plusieurs reprises
pour m’éclaircir les idées.
Je n’avais plus de montre et comme il n’y avait pas d’horloge dans
la cabane, impossible de deviner l’heure qu’il était. Impossible
également de savoir si j’étais loin de chez moi puisque j’étais restée
inconsciente pendant tout le trajet. J’avais l’impression d’avoir la tête
dans un étau. Recroquevillée derrière le lit, le dos au mur, face à la
porte, j’ai attendu.
Je suis restée prostrée dans mon coin pendant des heures, transie
de froid et tremblant comme une feuille.
Luc avait dû passer chez moi, essayer de me joindre sur mon
portable. Pourvu qu’il ne soit pas rentré chez lui en pensant que j’avais
eu un empêchement. Avait-on retrouvé ma voiture ? Et si personne
ne me recherchait ? Avait-on appelé les flics, au moins ? Et mon
chien ? J’imaginais Emma toute seule à la maison, affamée et pleurant
pour qu’on la sorte.
Les quelques séries policières que j’avais vues passaient en boucle
dans ma tête. Ma préférée, c’est celle qui se passe à Las Vegas, Les
Experts. Je voyais Grissom faire le tour de la maison où j’avais été
enlevée et deviner ce qui s’était passé en analysant un brin de
poussière. En fait, je n’étais même pas sûre qu’il y ait une unité de
police scientifique à Clayton Falls. À la télé, on voit uniquement la
police montée dans les défilés, ou à la rigueur quand ils arrêtent une
bande qui cultive de la marijuana.
Le silence du Monstre – c’est le nom que je lui ai donné – me
laissait imaginer le pire. Qui se chargerait d’annoncer à ma mère qu’on
avait retrouvé mon cadavre supplicié ? Et si on ne le retrouvait
jamais ?
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