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Citation de Mariloup


Quand enfin il me vit, il se figea. Un instant nous demeurâmes immobiles puis, n'y tenant plus, je courus à lui pour le serrer contre moi, ma tête contre sa poitrine. Je le sentis trembler de tout son corps puis, malhabile, hésitant, il me rendit mon étreinte.
_ Merci, chuchota-t-il.
L'étreinte se prolongea une respiration de trop. La respiration qui distingue la neutre accolade de deux camarades soulagés de se retrouver de... d'autre chose. Manik se dégagea et m'écarta d'un sec revers de bras, si bien que je vacillai de quelques pas en arrière, avant de m'écraser fesses dans la boue, sous le regard moqueur de toute la patrouille. Manik n'y avait rien mis d'autre que sa simple force de Leif, aucune brutalité particulière, mais son geste me peina au plus haut point. Soudain, je pris conscience que j'avais attendu ce moment pendant des lunes. Pouvoir, juste, le sentir contre moi et lui faire comprendre sans un mot à quel point je tenais à lui. A quel point il m'avait manqué, quand je grelottais sur le pont du Tison, quand je trimais dans les boyaux sans air, et qu'à chaque instant je tremblais pour lui. Quand lui croupissait à fond de cale ou subissait les humiliations de l'Académie. Quand lui endurait je ne savais quoi dans cette stabule, d'où montaient des cris bestiaux.
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