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Citations de Chris Ames (15)


A Gabriel pour son 19ème anniversaire

Mon fils, mon soleil, on est confinés nous tous par cette couronne invisible appelée virus et je ne sais pas si quelqu'un sait combien durera cette sentence.Le président dit que le onze mai, le processus de remise en liberté sera en marche mais d'autres désapprouvent et disent que cela continuera jusqu'à ce que la mort nous emporte, nos proches et chacun d'entre nous, sortis de cette prison, ce monde dans son tourbillon de bleu brillant et équilibré. Voici l'oeuvre de la couronne invisible.Malgré cet embrasement, les pluies sont revenues et on les regarde depuis nos cellules isolées à Rennes et Saint-Malo, sur l'herbe là-bas et sur ce fleuve, cette Vilaine si paisible. Les premières gouttes tombent en cercles, du son sur le miroir vide.En ces temps de réflexion, on ne voit rien sauf l'herbe poussant et la mélancolie d'être plus vieux, à dix- neuf ans.
( p.37 )
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La psychologue Margot

(...) Les cieux d'Antan soulevaient l'être humain.
Ceux d'aujourd'hui portent un vide trop lourd
Pour un seul dieu, et nous ne sommes pas d'accord,
Nous les chrétiens, juifs et musulmans,
Même sur l'évidence qu'une fois un égal un.
Pas étonnant que la solitude donne du chagrin.

( p.96)
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Totems

Sisyphe je ne suis pas.Je ne veux pas trouver la pierre la plus ronde, la plus lourde, pour défier les collines qui n'existe plus. Mon travail n'est pas si absurde, il a un autre élan. Je mets tout à plat, et ici à Rennes c'est assez facile, la Bretagne étant plate comme ses galettes. Oui, je veux rester à plat, sensible aux horizons, même s'ils sont effacés par l'écran urbain.

( p.65)
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La Bâche

Voilà, la richesse faite manifeste : la Bâche de Quechua
Et ce que l'américain appelle " the addition",
L'extension, l'agrandissement, le toit, le plastique
Pour les pluies horizontales, décembristes et drastiques.

Cadeau de Damian, c'est lui qui l'a installé au début,
Un peu au hasard, car il pleuvait déjà à verse.
Le vent a joué trop et les cendres de la cheminée
Ont donné des bisous avec leurs lèvres orange et rouge.

Le lendemain, j'ai bien fixé les ficelles et elle ressemble
A une voile maintenant qui nous transportera
Depuis ce sous- pont de notre existence confinée au ciel
Où rien n'est confiné et tous indifférents à nos soucis mortels.

La constellation faite par les cendres est encore indéfinie :
La Bâche soupire, elle ne sait pas.Elle est le ciel,
Des petits trous qui laissent la lumière passer au travers
Pour tomber dans les yeux de nos imaginations, comme le sel.

( p.115)
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Mehdi

Un jeune de vingt-et-un ans, vêtu en djellaba à l'ancienne
Comme s' il était juste venu des sables sur un Sirocco maghrébin
Et pas par sa curiosité venue de l'immeuble en face,
Mehdi commence à me rendre des visites journalières.
Il ressemble beaucoup à Proust avec sa petite moustache
Et ses yeux noirs et pénétrants, un regard isolé,
Bien qu'il appartienne à un bâtiment de
Huit ou neuf étages.
Je parle de la littérature, des livres fabuleux qu'on peut partager
En discutant de leurs atouts avec la recherche des temps perdus.
Il hausse ses épaules et parle du Coran.
J'ai un Coran. Je ne vais pas le mettre au feu.
J'ai remarqué que Mohammed a utilisé " The Book" des juifs
Comme point de repère, comme on utilise un dictionnaire, pour comprendre quelques mots et remettre l'histoire en ordre.
J'ai dit que la traduction de King James était sèche et ennuyeuse
Tandis que l'anglais du Coran avait du zeste,
De la vigueur. Il m'a regardé sans masque, sans rien dire.
Qu'est-ce qu'on peut dire à quelqu'un qui aime la littérature ?
Qu'Allah parle en silence ? Je me tais pour le pire et le meilleur.

( p.97)
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(**à propos d'un street-artiste, WAR )

War et les martins-pêcheurs

(...)
Si vous ne le connaissez pas, je ne parle pas de la première
Ou deuxième, de celle avec la Prusse ancienne
Ou de la mésaventure en Crimée,
Mais d'un artiste que fait vivre les murs de Rennes
Avec des oiseaux, des poissons ou de plus délicates fleurs,
Tous énormes pour laisser frimer leur vraie grandeur.

WAR, quel nom de plume.Ça donne des effets secondaires,Des métaphores mixtes, des victoires de puissants, la condition de l'humain, inhumaine.
Il a mis son échafaudage durant l'année quatorze
De notre millénaire et un martin- pêcheur de quatre mètres
Était rendu avec panache et tendresse en quelques instants.
La ressemblance était telle que les petits poissons, même les gros,
N'ont plus osé monter à la surface des eaux
Et les moustiques ont pu pondre leurs larves sans souci.

(...) ( p.70)
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La deuxième vague

C'est déjà novembre. Les arbres perdent leurs feuilles, la Vilaine
Son aplomb.Les arbres montrent leurs os, la Vilaine sa base.
Où sont les sables dorés de l'univers,
Où puis- je fixer mon regard ?

(...)
Les pluies deviennent horizontales comme mes lignes de poésie
Qui ne veulent fuir que pour retrouver le niveau de la mer.
J'en ai marre des canards.
Jim est parti quelque part et je n'ai pas envie de nourrir
Les autres sur l'eau qui restent en concurrence avec les mouettes.
J'en ai marre, j'en ai marre: pas du fait d'être confiné de nouveau
Mais de perdre toute poésie à la mer, hors de vue ici à Rennes.

(...)

( p.102)
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Avant-propos

Ce qui suit raconte une année de vie dans la ville de Rennes, et pas n'importe quelle année mais celle de 2020-2021, un avatar de ce qui nous attend, un test de l'inconnu, de l'imprévu et pour combattre le malaise d'une pandémie qui touche le monde entier en même temps qu'elle nous confine dans nos maisons et nous-mêmes. " Sous le pont Laënnec" vous montrera cette année depuis les yeux d'un émigré américain, pas un franco-américain comme un québécois mais plutôt un américano- français, franc de sa perception de la société autour et malgré son statut de SDF, quelqu'un qui montre le contraire: un domicile fixe, sous la rue, sous le pont Laënnec, sur la Vilaine.

Préface d'Yvon Le Men
Avril 2021
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La couleur des couleurs

Aujourd'hui j'ai constaté le changement d'attitude du monde autour de moi.Avant j'étais un SDF chanceux, traité avec plus ou moins de méfiance polie et distante mais depuis la rénovation de mon petit chez-moi, je suis devenu Anthony Quinn, un Zorba exubérant, et leurs réactions ont brillé comme mes murs repeints à neuf.Avant même de refuser ils m'ont emmené d'autres couleurs (...)

Avant, pendant les premiers mois, je craignais la loi ,les flics.Je ne faisais pas de feux, mais maintenant, au lieu de me visiter la nuit pour m'identifier encore, les " boys" passent les lendemains de ces rituels rupestres en faisant des commentaires sur le progrès de mon travail, en me donnant des conseils avec des gestes courtois, comme si ensemble on cuisinait une sorte de tarte sociale sous mon pont et sur les murs de mon voisin, le striptease club.
( p.52)
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La joie des moineaux

Toutes mes miettes personnelles je les jette devant moi
Entre le cercle du feu éteint et la rive droite.
Elles sont là, salées, mais où sont-elles parties,
Mes mémoires des quatre saisons,
Des visages d'amantes, de tous mes chers amis ?
Je les avais tatouées sur mes yeux
Pour ne pas les oublier, et pourtant,
En clignant, elles appartiennent à la grâce du vent.
(...)
En hurlant, comme du riz dans une noce aux mariés,
Ces jours si longs qui rendent les nuits atroces sont là.
Je ne peux plus les voir, et pendant que je crains
Ma vie, des moineaux descendent et picorent avec joie.

( p.47)
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La Dérogation

Nous sommes dans la nouvelle Résistance. Il faut résister.
Pas contre la guerre contre Les Boches est bien terminée.
Et malgré les idées des gilets jaunes,
Notre police n'est pas la Gestapo
A se demander ce que nous foutons dans les rues,
Et pour quoi nous allons par-là au lieu de rester chez soi,
Sain et sauf comme des poux dans la fourrure d'une bête,
Loin de là beauté du printemps en fleur, loin d'être honnêtes.

Oui, résister au désir de se balader sans aucun but,
Hormis le pain quotidien ou les courses à Carrefour ou Super U.
Certes, on peut s'en aller faire son footing
Pour se mettre en sueur,
Mais trop souvent il pleut, et quand il pleut
Je préfère errer, laisser mes pensées fleurir, tranquilles
Comme une propagation de jonquilles, épandues et sereines.
Une tâche de soleil qui apparaît dans un coin de mon jardin.
(...)

Je me suis fourni des papiers à ma cantine sociale Le Fourneau.
La typographie comme la liberté
M'attendent, les carrés marqués avec des V
Comme les corbeaux à la fin des Oiseaux d'Hitchcock
Veulent m'emmener au paradis des sans-abris.
Ô, de vivre ainsi, sans souci !
En bas du formulaire, il y a la place pour ma signature,
La date et l'heure et ils m'ont filé un crayon et une gomme
Pour que je puisse être presque bohème et critiquer leur poème.

( p.33)
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extrait 2 de la préface d’Yvon Le Men



Vous trouverez ici des portraits humains, trop humains. (…)
Ils sont les sous-les-pontistes. Ils partagent la vie de Chris Ames avec les rats qui font la fête au milieu de ses songes.
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Sous le pont où coulent des
histoires...

Un Américain à Rennes , en général ils sont à Paris. Et ils ne vivent pas sous les ponts.Au creux des ponts. Au creux de l'arche du pont. L'arche de Chris Ames et qui rappelle celle de Noé. Avant ou après le déluge ?
Avant ou après la Covid? Avant ou
après ? Mais après quoi ? Le nouveau monde dont nous parlions il y a encore un an et dont on ne voit rien venir.De ne pas savoir écouter les bruits du temps qui passe comme passe la rivière sous le pont Laennec, à Rennes.Et sous les yeux de celui qui a choisi d'écrire avec le temps qui passe.

Yvon Le Men, automne 2021
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La pauvreté gâtée

(...)
Selon notre gouvernement tentaculaire je suis enregistré ailleurs,
Mis dans un ordinateur par une gentille organisatrice,
Un fonctionnaire sincère dans un bureau austère
Avec fenêtre qui donne sur un parking à la fin de nulle part.

"C'est au Puzzle".Elle dit les mots comme si les morceaux de ma vie,
Cette existence éclatée, pourraient être remis en place avec aise
Après avoir été coupés en 10,000 morceaux par une scie sauteuse.
Ma vie, faite de béton et de suie, est donc réduite à un passe- temps.
(...)

On peut faire la queue pour le courrier mais personne ne m'écrit.
" Tu peux te doucher en bas", elle ( la G.O) me dit,
" Dans ce Puzzle- là, tu peux faire tes lessives", elle me dit.En plus
J'aurais un "Pass Korrigo", pour ne plus être frauduleux en bus.

Elle m'informe que je pourrai aussi sortir avec le " Pass Sortir",
Et, pour les spectacles de culture, payer moins cher.
Spectaculaire, tentaculaire, cette pauvreté gâtée.
Je peux devenir propre, cultivé, acculturé, presque français,
Pas l'ogre dans ce conte de fées.

( p.23)
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extrait 1 de la préface d’Yvon Le Men



C’est déjà novembre. Les arbres perdent leurs feuilles, la Vilaine
Son aplomb. Les arbres montrent leurs os, la Vilaine sa vase.
Où sont les sables dorés de l’univers,
Où puis-je fixer mon regard ?
Encore confiné, je deviens un lézard
Grimpant mes murs mouillés pour faire quelque chose de basique.
Les arbres deviennent tous nus, ils ne me protègent plus des orages.
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