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EAN : 9791097465933
124 pages
Goater (02/02/2022)
5/5   1 notes
Résumé :
Chris Ames est américain. Venu en Bretagne pour voir son fils début 2020, il se retrouve coincé par la confinement sur Rennes. SDF et routard, Chris s'installe sous le Pont Laënnec à Rennes. Confiné dehors, il entame alors le récit de ces confinements sous forme de poèmes et de photographies.

Chris Ames est installé en France depuis 1993.Il a voyagé tout au long de sa vie dans plus de cent pays et parle huit langues.

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Mercredi 24 août 2022 / Cité du Livre de Bécherel [Ile-et-Vilaine/ à proximité de Rennes ]


Pépite insensée , bouleversante...dénichée par le plus grand des hasards dans un recoin très discret d'une librairie-bouquinerie du Village du Livre, Bécherel...Il en a fallu des réunions de circonstances pour que j'arrive jusqu'à ce livre et jusqu'au parcours incroyable de ce poète-baroudeur, "street-artiste" à ses heures...

Par le plus grand des "miracles"... je me retrouvai , après 25 années, de passage sur la terre natale de ma grand-mère maternelle, dans la région de Rennes... accueillie d'ailleurs par " tante et cousins" dans cette ville....


Combien on comprend le coup de coeur du poète breton, Yvon le Men... pour cet artiste franco-américain, qui a rédigé la préface de cet O.L.N.I... (Objet Littéraire Non Identifié)Des poèmes, de la prose, des photographies de l'écrivain-baroudeur, de son petit coin de "sous-pontiste", décoré, aménagé par ses soins et surtout grâce à une imagination époustouflante... mêlant peintures, dessins, mosaïques (tessons, éclats de miroirs...) transformant un "non lieu" en "petit coin de Poésie et d'élan , enrayant une situation de "ténèbres"...

Textes qui nos percutent de plein fouet, nous interpellant de la plus belle et la plus énergique manière : Les mots, la poésie, "l'Art des rues" [et là...quelle leçon...La Culture, l'Art, "Non-essentiels", disiez-vous, "Grands cerveaux, "nous gouvernant !! ]. Chris Ames nous raconte son quotidien, son installation, ses rencontres, les contrôles policiers , qui se calmeront vite, au vu de la personnalité de "notre artiste buissonnier" !, les animaux, le couple de ragondins, l'amour pour son fils, les doutes, les observations lucides sur un monde et des sociétés, de plus en plus malades, de laisser autant de personnes, sur les bords de la route !

Livre qui m'a "tourneboulée" et même bien au-delà...tant le parcours , les choix de cet homme m'ont fait l'effet d'un "électrochoc"...
Alors, après une nuit à lire cette publication singulière, j'ai ressenti le besoin d'aller marcher sur les berges de la Vilaine et d'aller saluer ce "pont de Laënnec", à Rennes; puisque autre hasard incroyable: je me trouvais dans cette ville pour 48 heures...

Je transcris un des textes; le choix est des plus difficiles... car j'ai beaucoup "souligné" de passages, qui expriment tant et tant de sentiments, de rencontres, d'empathie, de chagrins et de petits bonheurs journaliers...dans une situation , on ne peu plus " inhumaine "...

Il me semble impossible de sortir "indemne" de cette lecture...tant elle interroge l'Universel de notre "condition d'humain" et de notre part "d'humanité et de fraternité" à préserver, faire grandir, nourrir...
Refuser la technologie et le profit à outrance , les précarités diverses , se démultipliant, se battre contre toutes les "EXCLUSIONS"; Et dans ce contexte de "Pandémie", l'auteur a dû "assumer" une double peine: l'exclusion, la vie fragilisée à l'extrême de tout S.D.F , et les mises à l'écart obligatoires sanitaires , ayant induit deux "Confinements" , fragilisant chacun, mais en tout premier, les personnes "délaissées"déjà en situation fragile , vulnérable...

" Chapeau bas" à cet artiste , à cet homme qui, malgré des conditions de vie que l'on trouverait " insupportables" , " inacceptables", se bat contre l'adversité, et parvient à créer, à embellir, à égayer son " bout de sous- pont"!!!...

En attendant , faisons connaissance avec l'une
des ,rencontres de Chris A., croisée sur le chemin:

"Mehdi

Un jeune de vingt-et-un ans, vêtu en djellaba à l'ancienne
Comme s' il était juste venu des sables sur un Sirocco maghrébin
Et pas par sa curiosité venue de l'immeuble en face,
Mehdi commence à me rendre des visites journalières.
Il ressemble beaucoup à Proust avec sa petite moustache
Et ses yeux noirs et pénétrants, un regard isolé,
Bien qu'il appartienne à un bâtiment de
Huit ou neuf étages.
Je parle de la littérature, des livres fabuleux qu'on peut partager
En discutant de leurs atouts avec la recherche des temps perdus.
Il hausse ses épaules et parle du Coran.
J'ai un Coran. Je ne vais pas le mettre au feu.
J'ai remarqué que Mohammed a utilisé " The Book" des juifs
Comme point de repère, comme on utilise un dictionnaire, pour comprendre quelques mots et remettre l'histoire en ordre.
J'ai dit que la traduction de King James était sèche et ennuyeuse
Tandis que l'anglais du Coran avait du zeste,
De la vigueur. Il m'a regardé sans masque, sans rien dire.
Qu'est-ce qu'on peut dire à quelqu'un qui aime la littérature ?
Qu'Allah parle en silence ? Je me tais pour le pire et le meilleur."



*** * N.B
Je vais prolonger bientôt cette lecture avec la découverte de textes du poète-préfacier, Yvon le Men, dont le nom m'était familier, bien que ne l'ayant toujours pas lu !...Ce que je vais, de ce pas, réparer !

Autre P.S:
si ce " billet" vous a intéressé (e.s), voir ma sélection thématique ( faite après cette lecture):

https://www.babelio.com/liste/25353/Petits-peuples-des-Ponts-et-quais-de-France-et-du

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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
A Gabriel pour son 19ème anniversaire

Mon fils, mon soleil, on est confinés nous tous par cette couronne invisible appelée virus et je ne sais pas si quelqu'un sait combien durera cette sentence.Le président dit que le onze mai, le processus de remise en liberté sera en marche mais d'autres désapprouvent et disent que cela continuera jusqu'à ce que la mort nous emporte, nos proches et chacun d'entre nous, sortis de cette prison, ce monde dans son tourbillon de bleu brillant et équilibré. Voici l'oeuvre de la couronne invisible.Malgré cet embrasement, les pluies sont revenues et on les regarde depuis nos cellules isolées à Rennes et Saint-Malo, sur l'herbe là-bas et sur ce fleuve, cette Vilaine si paisible. Les premières gouttes tombent en cercles, du son sur le miroir vide.En ces temps de réflexion, on ne voit rien sauf l'herbe poussant et la mélancolie d'être plus vieux, à dix- neuf ans.
( p.37 )
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Mehdi

Un jeune de vingt-et-un ans, vêtu en djellaba à l'ancienne
Comme s' il était juste venu des sables sur un Sirocco maghrébin
Et pas par sa curiosité venue de l'immeuble en face,
Mehdi commence à me rendre des visites journalières.
Il ressemble beaucoup à Proust avec sa petite moustache
Et ses yeux noirs et pénétrants, un regard isolé,
Bien qu'il appartienne à un bâtiment de
Huit ou neuf étages.
Je parle de la littérature, des livres fabuleux qu'on peut partager
En discutant de leurs atouts avec la recherche des temps perdus.
Il hausse ses épaules et parle du Coran.
J'ai un Coran. Je ne vais pas le mettre au feu.
J'ai remarqué que Mohammed a utilisé " The Book" des juifs
Comme point de repère, comme on utilise un dictionnaire, pour comprendre quelques mots et remettre l'histoire en ordre.
J'ai dit que la traduction de King James était sèche et ennuyeuse
Tandis que l'anglais du Coran avait du zeste,
De la vigueur. Il m'a regardé sans masque, sans rien dire.
Qu'est-ce qu'on peut dire à quelqu'un qui aime la littérature ?
Qu'Allah parle en silence ? Je me tais pour le pire et le meilleur.

( p.97)
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La Bâche

Voilà, la richesse faite manifeste : la Bâche de Quechua
Et ce que l'américain appelle " the addition",
L'extension, l'agrandissement, le toit, le plastique
Pour les pluies horizontales, décembristes et drastiques.

Cadeau de Damian, c'est lui qui l'a installé au début,
Un peu au hasard, car il pleuvait déjà à verse.
Le vent a joué trop et les cendres de la cheminée
Ont donné des bisous avec leurs lèvres orange et rouge.

Le lendemain, j'ai bien fixé les ficelles et elle ressemble
A une voile maintenant qui nous transportera
Depuis ce sous- pont de notre existence confinée au ciel
Où rien n'est confiné et tous indifférents à nos soucis mortels.

La constellation faite par les cendres est encore indéfinie :
La Bâche soupire, elle ne sait pas.Elle est le ciel,
Des petits trous qui laissent la lumière passer au travers
Pour tomber dans les yeux de nos imaginations, comme le sel.

( p.115)
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(**à propos d'un street-artiste, WAR )

War et les martins-pêcheurs

(...)
Si vous ne le connaissez pas, je ne parle pas de la première
Ou deuxième, de celle avec la Prusse ancienne
Ou de la mésaventure en Crimée,
Mais d'un artiste que fait vivre les murs de Rennes
Avec des oiseaux, des poissons ou de plus délicates fleurs,
Tous énormes pour laisser frimer leur vraie grandeur.

WAR, quel nom de plume.Ça donne des effets secondaires,Des métaphores mixtes, des victoires de puissants, la condition de l'humain, inhumaine.
Il a mis son échafaudage durant l'année quatorze
De notre millénaire et un martin- pêcheur de quatre mètres
Était rendu avec panache et tendresse en quelques instants.
La ressemblance était telle que les petits poissons, même les gros,
N'ont plus osé monter à la surface des eaux
Et les moustiques ont pu pondre leurs larves sans souci.

(...) ( p.70)
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La deuxième vague

C'est déjà novembre. Les arbres perdent leurs feuilles, la Vilaine
Son aplomb.Les arbres montrent leurs os, la Vilaine sa base.
Où sont les sables dorés de l'univers,
Où puis- je fixer mon regard ?

(...)
Les pluies deviennent horizontales comme mes lignes de poésie
Qui ne veulent fuir que pour retrouver le niveau de la mer.
J'en ai marre des canards.
Jim est parti quelque part et je n'ai pas envie de nourrir
Les autres sur l'eau qui restent en concurrence avec les mouettes.
J'en ai marre, j'en ai marre: pas du fait d'être confiné de nouveau
Mais de perdre toute poésie à la mer, hors de vue ici à Rennes.

(...)

( p.102)
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