Le privilège conféré à l’aspect inhibiteur du réel n’est pas inscrit dans la nature de celui-ci. Il résulte d’une manière de l’interroger. Or celle-ci est suscitée par une situation vécue […] Notre relation de la réalité n’a pas une origine théorique ; elle repose sur une épreuve existentielle, elle-même liée à une tonalité affective. Or, il y a une relation entre l’expérience de la résistance et le doute. Une réalité non portante et non secourable s’avère branlante. Elle provoque un sentiment d’incertitude. L’incertitude d’abord éprouvée dans les assises de l’existence, se transforme facilement en l’attitude qui consiste à s’assurer de la réalité. Comme si son existence n’était pas établie. On doute de la réalité comme fondement. La résistance était pourtant d’abord le critère de la réalité. Mais elle fait s’ébranler les bases de la vie et libère la possibilité intellectuelle du doute.