Citations de Christian-Louis Eclimont (34)
De longues heures, ils bavardent ensemble. A l'écoute, il recueille en la disséquant la fable existentielle de la Môme assaisonnée à sa sauce. Baratineuse, elle pressent l'impact de ses vérités brodées sur son confident. Elle force le trait, déplaçant les accents rudes ou émouvants là ou bon lui semble. Par sa bouche, la véracité se situe dans l'instant où elle l'expose, quitte à la chambouler, à une autre minute, plus encline aux assauts de charme qu'à l'exactitude. Si on vient à le lui reprocher, du tac au tac, elle rétorque : « Je ne mens pas, je m'embellis la vie. »
L'errance qui perdure la mène partout en France : dans le Nord, en Isère, à Bernay... Lorsqu'elle fugue, lasse des belles-mères épisodiques, que son père appâte souvent via des annonces professionnelles avant de les attirer dans son lit. Malgré cette précarité, sous sa rudesse, Louis Gassion persiste à aimer sa fille, même s'il calcule ses attentions sur deux doigts. Puisqu'en effet, plus tard, elle confessera qu'il l'a embrassée une première fois, vers ses dix ans, tandis qu'elle était souffrante avant une attraction dans un petit cinéma, au Havre, et une seconde, lorsqu'elle accoucha de sa fille, Marcelle, à l'hôpital Tenon.
Tout était mal qui finit mal.
Gagner, donc, sans se soucier de la forme. Nous sommes bien entrés dans un cyclisme scientifique, un cyclisme d'objectif, où seul le but prévaut aux dépens de la manière.
En cyclisme, pour prétendre être un champion à part entière, il ne s'agit pas simplement de pédaler mais d'être, aussi.
Monument patrimonial, le Tour vire à la caisse de résonance sociale
La tradition inhumaine du Tour et du cyclisme, en général, incitait les compétiteurs à user de potions toxiques, une pratique qu'entre eux ils se plaisaient à banaliser grâce à un lexique imagé qui pouvait prêter à rire : se charger, saler la soupe, prendre une lichette, avoir les carlingues en losange, etc. Par euphémisme, on parlait de "soins".
Exit l'aventure personnelle, périlleuse : la course a muté en une compétition moderne, collective, scrutée par les médias naissants, où, à bien considérer les marques inscrites dans la caravane, une manière de communication s'est installée. Puissance publicitaire, le Tour en est également une politique, ou presque, ainsi que les affrontements franco-italiens de 1950 l'ont illustré.
Parfois, le Tour sait se montrer cruel jusqu'à l'insoutenable.
Hugo, un vrai nom d'écrivain et un vrai prénom de champion.
Certains s'en réfèrent au calendrier romain, judaïque, cyrillique, les plus mystiques aux calendes, je ne sais, bref ; moi je fonctionne avec celui du Tour - ce phare dressé en plein cœur de l'été.
Ils sont répartis en onze équipes, dont une de Nord-Afrique, avec des coureurs marocains et algériens parmi lesquels Abdel-Kader Zaaf, victime d'une prétendue cuite sur la route surchauffée ers Perpignan lors de la 13è étape. En fait, il semble qu'une surdose d'amphétamines l'ait cloué au pied d'un arbre. Le public l'ayant copieusement arrosé de vin, la presse fit des gorges chaudes de cet épisode, alimentant la thèse de l'ébriété.
Quand le Tour de France passe, la France est sur le pas de la porte. Tristan Bernard, L'Echo des sports
Deux roues, un guidon relié à une fourche pour une direction mobile inventée par le baron allemand Karl Drais von Sauerbronn au XVIIIè siècle - la draisienne -; des pédales conçues par des Français, les frères Michaux, au XIXè; une chaîne à maillons imaginée par le Florentin Léonard de Vinci au XVè; la bicyclette - le vélo -, en ce début du XXè siècle, apparaît comme le résultat d'une addition de recherches qui auront aidé l'homme à conquérir sa liberté.