Citations de Christian-Louis Eclimont (34)
Il y a des silences qui en disent long comme des paroles qui ne signifient rien.
Edith Piaf
" Vaste chantier interrompu, cette chanson française que nous aurons à coeur de décortiquer de l'intérieur témoigne d'une rare indépendance dans l'expression de ses sources diverses, faubouriennes, poétiques, de Prévert à Aragon, anglo saxonnes, rythmiques, puisées d'Amérique, de partout aux racines tentaculaires, et tout ce métissage fit d'excellentes chansons...françaises!
- Comme le royaume, la capitale sent le pourri. Tout y est ragots et mensonges, vérités déguisées et sermons confits ! Sur cette décomposition germera le monde de demain. A pleins poumons, respirons cette odeur infâme, elle est la promesse d'un avenir à inventer. Foutre, c'est sur le fumier que poussent les plus belles fleurs, non ?
Le 2 janvier 1961, le Tout-Paris s'impatiente devant le rideau rouge. Aux premiers rangs sont assis Michèle Morgan, Danielle Darrieux, Gloria Lasso, Dalida, Marlène Dietrich, Paul Newman, Louis Amstrong, Duke Ellington, Claude Chabrol, Roger Vadim, Jean-Paul Belmondo, Jean-Claude Brialy, Jean-Michel Aumont, Jean Marais, Philippe Clay, Romy Schneider et Alain Delon. Des télégrammes affluent du monde entier, expédiés par John Fitzgerald Kennedy et Nikita Khrouchtchev, les deux chefs d’État américain et soviétique ! L'ambassadeur d'URSS se tient aussi dans la salle, avec pour mission de lui proposer une tournée de l'autre côté du Rideau de fer. (…) A l'entame de « Non, je ne regrette rien », au final, pour une insurrection en vivats, la salle se soulève. Par cette chanson-testament, in situ, Piaf poignarde son public au cœur. Le spectacle s'achève en apothéose.
En France, à Orly, au pied de l'avion qui atterrit avec une heure d'avance poussé par des vents d'ouest portants, c'est la cohue des grands jours, cameramans et photographes au coude à coude pour immortaliser le retour des deux intrépides. Dès l’ouverture de la porte, les flashs crépitent. Piaf apparaît radieuse aux côtés de Cerdan, non moins lumineux, tandis que dans leur ombre se dessine la silhouette de Jean-Louis Jaubert réduit à une figuration, et qui jette l'éponge en direct. Désormais, sans être trop perspicace, chacun peut deviner que Piaf et Cerdan partagent une histoire. Pourtant, rien n'est officiel. En haut de la passerelle, à cette seconde, ils forment une espèce de drapeau vivant de la France victorieuse.
L'errance qui perdure la mène partout en France : dans le Nord, en Isère, à Bernay... Lorsqu'elle fugue, lasse des belles-mères épisodiques, que son père appâte souvent via des annonces professionnelles avant de les attirer dans son lit. Malgré cette précarité, sous sa rudesse, Louis Gassion persiste à aimer sa fille, même s'il calcule ses attentions sur deux doigts. Puisqu'en effet, plus tard, elle confessera qu'il l'a embrassée une première fois, vers ses dix ans, tandis qu'elle était souffrante avant une attraction dans un petit cinéma, au Havre, et une seconde, lorsqu'elle accoucha de sa fille, Marcelle, à l'hôpital Tenon.
Gagner, donc, sans se soucier de la forme. Nous sommes bien entrés dans un cyclisme scientifique, un cyclisme d'objectif, où seul le but prévaut aux dépens de la manière.
La tradition inhumaine du Tour et du cyclisme, en général, incitait les compétiteurs à user de potions toxiques, une pratique qu'entre eux ils se plaisaient à banaliser grâce à un lexique imagé qui pouvait prêter à rire : se charger, saler la soupe, prendre une lichette, avoir les carlingues en losange, etc. Par euphémisme, on parlait de "soins".
Exit l'aventure personnelle, périlleuse : la course a muté en une compétition moderne, collective, scrutée par les médias naissants, où, à bien considérer les marques inscrites dans la caravane, une manière de communication s'est installée. Puissance publicitaire, le Tour en est également une politique, ou presque, ainsi que les affrontements franco-italiens de 1950 l'ont illustré.
Certains s'en réfèrent au calendrier romain, judaïque, cyrillique, les plus mystiques aux calendes, je ne sais, bref ; moi je fonctionne avec celui du Tour - ce phare dressé en plein cœur de l'été.
Deux roues, un guidon relié à une fourche pour une direction mobile inventée par le baron allemand Karl Drais von Sauerbronn au XVIIIè siècle - la draisienne -; des pédales conçues par des Français, les frères Michaux, au XIXè; une chaîne à maillons imaginée par le Florentin Léonard de Vinci au XVè; la bicyclette - le vélo -, en ce début du XXè siècle, apparaît comme le résultat d'une addition de recherches qui auront aidé l'homme à conquérir sa liberté.
Grande machine à illusions, pur simulacre visant à divertir et à mystifier le public de "purs" compatissants, le catch s'appuie à chaque reprise sur des trucs, tricks, et des réflexes conditionnés, gimmicks : un arsenal technique à la disposition des catcheurs experts dans l'art de donner et de recevoir des coups. Chiqué ou pas chiqué ? Chiqué, bien sûr, mais au prix d'un entrainement forcené en salle, avec des figures cent fois répétées afin d'éviter l'accident "en scène".
Sa mère avait alors répondu: "qu"il ne pouvait pas faire de l'art brut parce qu'il était si doux!"
De longues heures, ils bavardent ensemble. A l'écoute, il recueille en la disséquant la fable existentielle de la Môme assaisonnée à sa sauce. Baratineuse, elle pressent l'impact de ses vérités brodées sur son confident. Elle force le trait, déplaçant les accents rudes ou émouvants là ou bon lui semble. Par sa bouche, la véracité se situe dans l'instant où elle l'expose, quitte à la chambouler, à une autre minute, plus encline aux assauts de charme qu'à l'exactitude. Si on vient à le lui reprocher, du tac au tac, elle rétorque : « Je ne mens pas, je m'embellis la vie. »
En cyclisme, pour prétendre être un champion à part entière, il ne s'agit pas simplement de pédaler mais d'être, aussi.
Hugo, un vrai nom d'écrivain et un vrai prénom de champion.
Ils sont répartis en onze équipes, dont une de Nord-Afrique, avec des coureurs marocains et algériens parmi lesquels Abdel-Kader Zaaf, victime d'une prétendue cuite sur la route surchauffée ers Perpignan lors de la 13è étape. En fait, il semble qu'une surdose d'amphétamines l'ait cloué au pied d'un arbre. Le public l'ayant copieusement arrosé de vin, la presse fit des gorges chaudes de cet épisode, alimentant la thèse de l'ébriété.
Montant d’un cran dans les années quatre-vingt, elle tend quelque peu à se banaliser de nos jours, où le deal déborde : la cocaïne, aux effets dynamisants, est désormais courante dans les milieux financiers comme underground, là où la performance dicte sa loi. Face au chiffre, quoi qu’il recouvre, la loi et la morale finissent toujours par reculer.
En Amérique, le marchand de “coco” est si vil, son commerce est si méprisable qu’il est traité en paria même dans les bas-fonds de la société […] Pourtant, les trafiquants de coco n’ont pas l’apparence de vulgaires malfaiteurs.
N’oubliez pas que ce qu’on appelait le boulevard du Crime était une rue bordée de théâtres, où on jouait des pièces centrées sur un argument criminel – Paris est la capitale des imaginaires du crime.