Citations de Christian-Louis Eclimont (34)
Grande machine à illusions, pur simulacre visant à divertir et à mystifier le public de "purs" compatissants, le catch s'appuie à chaque reprise sur des trucs, tricks, et des réflexes conditionnés, gimmicks : un arsenal technique à la disposition des catcheurs experts dans l'art de donner et de recevoir des coups. Chiqué ou pas chiqué ? Chiqué, bien sûr, mais au prix d'un entrainement forcené en salle, avec des figures cent fois répétées afin d'éviter l'accident "en scène".
Montant d’un cran dans les années quatre-vingt, elle tend quelque peu à se banaliser de nos jours, où le deal déborde : la cocaïne, aux effets dynamisants, est désormais courante dans les milieux financiers comme underground, là où la performance dicte sa loi. Face au chiffre, quoi qu’il recouvre, la loi et la morale finissent toujours par reculer.
En Amérique, le marchand de “coco” est si vil, son commerce est si méprisable qu’il est traité en paria même dans les bas-fonds de la société […] Pourtant, les trafiquants de coco n’ont pas l’apparence de vulgaires malfaiteurs.
N’oubliez pas que ce qu’on appelait le boulevard du Crime était une rue bordée de théâtres, où on jouait des pièces centrées sur un argument criminel – Paris est la capitale des imaginaires du crime.
Un conquérant du monde, quand il a une taille de 1,60 m, doit forcément être abaissé un jour par un homme qui a deux fois moins de jugeote, mais qui le dépasse de deux têtes.
Le bagne n’est pas une machine à châtiment bien définie, réglée, invariable. C’est une usine à malheur qui travaille sans plan ni matrice. On y chercherait vainement le gabarit qui sert à façonner le forçat. Elle les broie, c’est tout, et les morceaux vont où ils peuvent.
Dans le monde du crime, le proxénétisme demeure de loin l’activité la plus répulsive, dépourvue de tout courage, vissée sur l’exploitation humaine, la violence à des fins d’esclavagisme, un délit abject dont le trafic, la traite et le rapt sont la clé et la serrure.
Depuis le XIXe siècle, les vocables se multiplièrent pour désigner ces femmes aux mœurs légères, consentantes ou pas. Ici, pour un florilège où l’argot s’invite1 : accrocheuse, bourbeteuse, drouine, ensoignante, gouge, lescheresse, rouscailleuse, toupie, viagère – nettement moins séduisant que courtisane, fille de joie ou belle de nuit.
« Aujourd’hui, le moindre fait divers, pourvu qu’il y ait du sang et de l’horreur, est grossi démesurément, les colonnes des journaux en sont remplies, et c’est ce qui fait croire aux simples que décidément nous courons à l’abîme […] Apache, souteneur, anarchiste […] banquiers véreux, escrocs et faussaires, femmes qui tantôt par paresse ou besoin de luxe et d’orgie, tantôt par nécessité, glissent sur la pente du vice et du crime, tels sont les types variés qui défilent sous les yeux du lecteur bénévole qui croit que le monde touche à sa fin. »
Dans une société compartimentée, le crime servait les théories de déterminisme social ou physiologique en vogue, dominées par la fatalité ou le désir gratuit de nuire.
L’amour, la passion, l’argent, la jalousie, le pouvoir : les mobiles sont toujours les mêmes. Ses motivations s’avérant innombrables à l’échelle des frustrations humaines, le crime perdure partout sur la planète.
Dans la plupart des circonstances, le crime et son auteur se seront illustrés à la une, pourvoyeurs d’une abondante littérature journalistique ou au cœur d’ouvrages dédiés.
Les criminels ne sont pas des héros, ils sont les empreintes négatives d’une réalité sous-jacente qui croupit dans les bas-fonds de nos consciences.
Il y a des silences qui en disent long comme des paroles qui ne signifient rien.
Edith Piaf
" Vaste chantier interrompu, cette chanson française que nous aurons à coeur de décortiquer de l'intérieur témoigne d'une rare indépendance dans l'expression de ses sources diverses, faubouriennes, poétiques, de Prévert à Aragon, anglo saxonnes, rythmiques, puisées d'Amérique, de partout aux racines tentaculaires, et tout ce métissage fit d'excellentes chansons...françaises!
- Comme le royaume, la capitale sent le pourri. Tout y est ragots et mensonges, vérités déguisées et sermons confits ! Sur cette décomposition germera le monde de demain. A pleins poumons, respirons cette odeur infâme, elle est la promesse d'un avenir à inventer. Foutre, c'est sur le fumier que poussent les plus belles fleurs, non ?
Sa mère avait alors répondu: "qu"il ne pouvait pas faire de l'art brut parce qu'il était si doux!"
Et à la santé des Mille Fleurs où comme il le releva, jamais aucune fleur n'était éclose sauf, allégoriquement, celles qui poussaient sur le fumier des cités: la jeunesse en bouquets de prison!
Le 2 janvier 1961, le Tout-Paris s'impatiente devant le rideau rouge. Aux premiers rangs sont assis Michèle Morgan, Danielle Darrieux, Gloria Lasso, Dalida, Marlène Dietrich, Paul Newman, Louis Amstrong, Duke Ellington, Claude Chabrol, Roger Vadim, Jean-Paul Belmondo, Jean-Claude Brialy, Jean-Michel Aumont, Jean Marais, Philippe Clay, Romy Schneider et Alain Delon. Des télégrammes affluent du monde entier, expédiés par John Fitzgerald Kennedy et Nikita Khrouchtchev, les deux chefs d’État américain et soviétique ! L'ambassadeur d'URSS se tient aussi dans la salle, avec pour mission de lui proposer une tournée de l'autre côté du Rideau de fer. (…) A l'entame de « Non, je ne regrette rien », au final, pour une insurrection en vivats, la salle se soulève. Par cette chanson-testament, in situ, Piaf poignarde son public au cœur. Le spectacle s'achève en apothéose.
En France, à Orly, au pied de l'avion qui atterrit avec une heure d'avance poussé par des vents d'ouest portants, c'est la cohue des grands jours, cameramans et photographes au coude à coude pour immortaliser le retour des deux intrépides. Dès l’ouverture de la porte, les flashs crépitent. Piaf apparaît radieuse aux côtés de Cerdan, non moins lumineux, tandis que dans leur ombre se dessine la silhouette de Jean-Louis Jaubert réduit à une figuration, et qui jette l'éponge en direct. Désormais, sans être trop perspicace, chacun peut deviner que Piaf et Cerdan partagent une histoire. Pourtant, rien n'est officiel. En haut de la passerelle, à cette seconde, ils forment une espèce de drapeau vivant de la France victorieuse.