Christine Lamer

Son Tony, homosexuel. Elle n’était pas surprise du tout. Au fond, elle l’avait deviné dès la séance de photos chez lui. Il était si différent des autres hommes qu’elle avait connus intimement. Il était incapable de la faire jouir, incapable de la satisfaire. Elle s’était servie de lui pour parvenir à ses fins. Et il l’avait épousée pour sauver les apparences vis-à-vis de sa famille.
Cet aveu changeait bien des choses. C’était le passeport idéal pour batifoler et jouir impunément dans d’autres lits que le conjugal. Après tout, elle avait déjà eu des aventures sans lendemain, dont une en sol italien avec un Romain aux yeux bleus pendant que son mari rencontrait un ami à la place d’Espagne… sacré Tony, va! Ils s’étaient cocufiés mutuellement! Une scène digne d’un Fellini, d’un Visconti ou d’un Bergman.

– Qu’est-ce que c’est, un sac à souhaits?
– C’est une image, si tu veux. Tout ce que tu désires, ce que tu aimerais faire dans la vie, tu le mets dans ton sac. Si tu décides d’être première de classe, tu auras ta maîtresse d’école de ton côté! Si tu souhaites gagner beaucoup de sous un jour, il faudra étudier et travailler très fort pour atteindre le sommet. Comme dit ta grand-mère: chacun porte son sac!

– P’pa, j’vais t’remplacer pour les livraisons à la boucherie après l’étude. Ça va m’faire plaisir. Tu peux compter sur moi!
– Moi aussi, moi aussi! dirent en chœur les autres garçons.
Même si un homme ça ne pleure pas, papa Paul éclata en sanglots lorsque ses huit enfants l’entourèrent de leurs bras. Il faisait subitement plus chaud dans la petite maison des Coulombe.

Elle était entièrement libre de faire ce qu’elle voulait et ne se privait de rien. Le compte en banque était garni et les amants de passage défilaient en quantité. Il n’était pas rare, après avoir pris un pot, qu’elle finisse ses soirées dans les bras d’un camarade de classe pour mettre en pratique les scènes d’amour du répertoire théâtral.

Elle est tendre, compréhensive, belle comme un ange. J’ai rencontré l’âme sœur. Elle me ressemble tellement. Nous avons les mêmes goûts, le cinéma, le théâtre, les beaux vêtements, les beaux bijoux, nous adorons les visites au Musée des beaux-arts. On s’en fout des hommes sur la Lune. On veut se marier et le plus vite possible!

C’était ça, le vrai bonheur. Une symbiose parfaite entre deux êtres qui s’aiment. Qui se désirent. En communion avec la nature complice de leur amour. Ils préféraient savourer la montée du désir. Ils se retrouveraient tantôt sous les draps frais en fin de soirée, après le départ des invités.

Que ça porte malchance, un mariage après un décès, qu’il faut respecter les morts, le deuil, le noir et toutes ces conneries! Papa est décédé et nous sommes tous peinés, mais la vie continue. Ma vie commence!

Le triomphe était bien au-delà de ses attentes les plus folles. Sortir enfin de la pauvreté, de la noirceur et briller de mille feux en s’unissant à la liberté, l’argent et, à quoi encore? Ah oui, à l’amour.

Les enfants peuvent être parfois si cruels. J’ai dû encaisser les remarques blessantes et même les coups avant d’accepter ne serait-ce que mon prénom.

(…) La rumeur dit qu’elle aurait souffert de dépression sévère après sa cure pour traiter son alcoolisme, s’inquiéta un autre scripteur.
– C’est un risque calculé, et entre nous, si on écartait tous ceux dans le métier qui ont ou ont eu un problème d’alcool ou de dépendance quelconque, on serait mal pris!