Après le repas,ibn-Marzuq chercha un coin où se retirer. Il s'assit en tailleur, déroula un parchemin sur ses cuisses et, à la lueur d'un bout de chandelle, commença à noter les événements de la journée. Trente ans sans tenir un journal et il s'y remettait. Sans doute parce que cela valait mieux que de rester assis à ruminer en silence, avant de sombrer lentement mais sûrement dans la désolation. Écrire lui permettait de mettre de l'ordre dans son esprit et le libérait d'une humeur dépressive. Il en avait terriblement besoin.
Il alla trouver ibn-Marzuq. A l'écart des mercenaires, il contemplait le monastère d'une mine renfrognée. L'homme se cramponnait à son orgueil comme un naufragé à une planche de salut. Enveloppé dans son manteau souillé, le bras raidi et la barbe en jachère, il ressemblait davantage à un mendiant qu'à un vizir.
L'éclat de sa beauté resplendissante caressa son âme de ses rayons ardents.
L'hérésie est un fléau qui se répand plus facilement que la peste.
La mort qui approche peut faire n'importe quoi d'un homme.