Citations de Cindy Lucas (22)
Un amour comme celui-ci ne mourait jamais. Il surmontait les épreuves, résistait au temps. J’en étais convaincue. Mais justement, quelle frustration d’être obligés de se cacher continuellement ! Lorsque nous nous sommes avoué notre amour, je célébrais mes dix-huit ans, mais je n’étais pas libre pour autant : j’étais censée me réserver pour l’homme que j’épouserai.
Qu’il était beau quand il me regardait ainsi, ses yeux verts remplis de tendresse, son visage ombré d’un début de barbe et ses cheveux bruns en bataille. J’avais beau être née déesse, j’étais juste ridicule à côté de lui. Il avait une telle prestance et ne doutait de rien. Et pourtant, à ses yeux, j’étais sublime.
Le moindre baiser volé derrière une porte ou dans le recoin d’une fenêtre était un vrai challenge. Mais nous nous en amusions. C’était devenu notre façon de vivre depuis trois ans. Je l’aimais et il m’aimait. Rien d’autre n’avait d’importance. Certains nous trouvaient un peu trop complices et dès que quelqu’un se permettait une réflexion quant à une éventuelle relation, Poséidon et Zeus montaient au créneau pour nous défendre et démentir les rumeurs. S’ils savaient… Cela me déchirait le cœur de ne pas leur avouer, mais c’était impossible.
Le contempler en train de me faire l’amour a quelque chose de follement exaltant. Je suis ensorcelée.
J’aime voir ce qu’il se passe quand je fais l’amour, mais ça… C’est au-delà du torride, à la limite du voyeurisme. Ça frôle le sexe dépravé. C’est tendancieux et affreusement… excitant. Je passe ma langue sur mes lèvres asséchées.
Cette fois, c’est moi qui ai soif de lui. L’attente me met au supplice. Alors qu’il pose sa bouche sur mes seins, mon corps s’embrase. Sa patience m’exaspère. Un soupir passionné m’échappe, alors qu’il souffle doucement sur ma peau pour finalement glisser sa langue au creux de mon nombril. Des frissons irrépressibles m’assaillent. À chaque réaction, il recommence plus intensément.
Le désir est quelque chose de très surfait, de nos jours. L’exprimer est seulement une partie du jeu.
Mon désir s’enflamme si vite que je manque un pas lorsqu’il m’entraîne à sa suite. Pas une fois, il ne relâche son étreinte, jusqu’à ce qu’il nous arrête. Je me sens à fleur de peau. Dans le silence, sa respiration est la seule chose que j’entends.
Addict du sexe hors normes, je me lasse vite du coït banal. J’ai besoin de plus. L’ennui est mon ennemi. Je suis dans une spirale infernale où l’assouvissement sexuel m’est refusé. Trop de sexe tue le sexe, j’imagine !
Mon corps est en feu. L’insatisfaction me rend délirante, agressive. Sans me donner le temps de protester, il empoigne ma bouche violemment et m’agrippe par la taille pour me porter jusqu’au mur le plus proche.
La caresse de sa langue sur ma peau est tout simplement divine. Je ramène ma bouche contre la sienne, le goûtant, le léchant, complètement accro à son contact. Nos corps sont moites et glissants. La sueur coule sur son torse et se dépose sur mes seins. Je me serre davantage contre lui, enfiévrée. La chaleur est encore plus étouffante si c’est possible.
Nous sommes tous les deux dans un état de désir à la limite de la transe. S’écartant légèrement, il coule une main entre mes jambes, trouve mon string qu’il écarte sans ménagement pour atteindre mon sexe mouillé. Lentement, il y introduit un doigt qu’il retire pour en replonger deux aussitôt. Alors que sa bouche harponne toujours la mienne, il continue son manège, jusqu’à ce que je le supplie de m’en donner plus.
À sa façon de la fixer, je devine qu’il meurt d’envie de se jeter dessus. Je passe ma langue sur mes lèvres, allumant une lueur de désir brut dans ses magnifiques yeux bleus. Son allure de surfeur n’est pas pour me déplaire. Sur une impulsion, il m’embrasse langoureusement. La caresse de sa langue contre la mienne m’excite au plus haut point. Doucement, il m’attire à califourchon sur lui et se renfonce dans le transat.
Le plaisir déferle en moi, puissant et sauvage. C’est tellement bon, mais pas suffisant. Je harponne ma chair presque violemment, dans l’espoir d’atteindre la délivrance, en vain. Tout ce que je récolte, c’est davantage de frustration.
À quand remonte ma dernière escapade sexuelle ? À bien trop loin, sans nul doute. Les amants doués ne courent pas les rues et le manque revient souvent.
À cette pensée, je sens l’insatisfaction familière se réveiller. Lentement, je glisse mes mains sur mes seins, les caressant paresseusement. Je guette les moindres prémices, la moindre sensation qui me rendraient plus insistante. Plus gourmande. J’humecte le bout de mes doigts avant de les frotter sur mes tétons déjà durcis par l’excitation. L’envie monte, de plus en plus forte, insidieuse.
Aussi loin que je m’en souvienne, nous avons toujours été inséparables. Bien sûr, nous étions plus proches de certains que d’autres. Les fils de Rhéa –Poséidon, Hadès et Zeus –étaient mon rempart contre le monde. Ils m’emmenaient partout avec eux, me protégeaient, me chérissaient, m’éduquaient. Nous étions une famille. À cette époque reculée des temps mythique, nous étions insouciants et pensions que le monde était à portée de main. Mais ça, c’était avant la guerre contre les Titans. Nous ignorions alors tout de notre destinée et de la raison de notre naissance.
Le ramenant à moi, je ne le laissai pas terminer. Il étouffa un léger rire contre ma joue, et s’aventura plus bas, jusqu’au creux de mes seins qu’il s’empressa de savourer du bout de la langue. S’il cherchait à me faire perdre pied, cela fonctionnait à merveille. Lorsqu’il aspira leurs pointes entre ses lèvres, je soupirai de plaisir. Il avait vaincu mes dernières hésitations. J’étais incapable de la moindre pensée cohérente. À cet instant, plus rien n’existait en dehors de lui.
Tout ce que je possède se limite à ce que j’ai sur moi.
Tous savent que mon anniversaire me rend morose. Il est synonyme de souvenirs atroces. Je ne l’ai jamais vraiment célébré avant d’être adoptée par cette bande de sans-abri au grand cœur.
Je suis enfin libre et c’est tout ce qui compte. Libérée de mes charges divines, libre d’agir à ma guise… La rue est mon royaume et votre monde, mon Enfer.