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Citation de Chimere


Nous nous écrivions beaucoup.
Franck avait une écriture ronde et grasse.
Très belle. Très régulière. Que je lui enviais.
Nos vies ont été mêlées l'une à l'autre. Il savait chacun de mes gestes et il me disait ses mouvements. Nous racontions le quotidien des heures durant. Sans ennui. Je le présentais à tout le monde et je connaissais ses amis. Pourtant, nous nous sommes toujours laissé de la place. A chacun. Sans l'autre. Parfois, on se voyait moins. J'étais amoureuse, il était épris. Ailleurs, avec un autre. Nous aimions tous les deux la solitude et nous savions l'aimer chez l'autre. Nous sommes souvent partis en vacances ensemble. Mais ce n'était pas une règle. Nous ne nous sommes jamais rien imposé. Quand nous étions éloignés, ailleurs ou ici, nous nous écrivions. De longues lettres. Il n'était pas question de sentiments, de manque de l'autre, d'absence qui creuse. Mais d'ailleurs. Nous nous écrivions les beautés que nous avions entrevues, les couleurs d'un marché, l'insolite d'une rencontre, le goût d'un plat. Il n'y avait que de la gaieté dans nos lettres. Nous avions l'un et l'autre le goût de l'émerveillement et c'est cela que nous voulions partager.

J'ai gardé ses lettres. Elles font partie de ma vie. Je peux maintenant les relire sans nostalgie. Comme celles d'un ami que je n'aurais jamais revu. Qui aurait disparu. Un ami qui serait parti. Qui aurait pris on ne sait quelle route. Qui aurait foncé vers on ne sait quelle aventure. Qui serait heureux quelque part.
C'est un peu ça. Cet ami-là, qui m'écrivait ces lettres-là, je ne l'ai jamais revu.
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