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Citation de Chimere


J'ai manifesté devant des ambassades. J'ai collé des affiches. J'ai fait circuler des pétitions. J'ai distribué des couvertures. J'ai crié des slogans.
Franck me regardait faire. Tout ça, ça ne l'intéressait pas.
Puis j'ai eu moins de souffle. Il y avait aussi la vie qui prenait du temps.
Alors j'ai écrit. J'ai toujours aimé ça. J'écrivais à des prisonniers politiques. Un peu partout. Dans plein de langues, y compris dans des langues que je ne connaissais pas.
Au début, il y avait un peu d'agitation dans ce geste-là aussi. Puis ça a pris du sens. C'est devenu un mouvement attentif et serein. J'écrivais de longues lettres. Je savais qu'elles n'arriveraient pas toutes mais j'écrivais. Parfois on me répondait. Et ces mots-là, qui me revenaient en retour, me disaient que c'était important. Que ce n'était pas juste des mots que j'envoyais au petit bonheur.
J'ai nourri des correspondances. Des passerelles fragiles. Avec quelques-uns, il n'a plus été question d'acte politique. De militantisme. Il y a eu des mots qui fraternisaient. Des liens.
Souvent je lisais nos lettres à Franck. Parce que c'était mas vie. Une partie. Que c'était important pour moi. Je ne lui disais pas tu devrais écrire toi aussi. Mais je crois que j'aurais aimé s'il l'avait fait. Mais ça ne l'intéressait pas.
Il se moquait un peu de moi quand j'écrivais de nouvelles lettres, quand je trouvais de nouvelles causes. C'était avec tendresse, mais il se moquait. Ce n'était pas grave. Au fond, j'aimais bien quand il se moquait de moi. Cela disait nos différences et nous n'aurions pas aimer nous ressembler.
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