AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de HundredDreams


Elle s’éloigne lentement, de ce pas suspendu, quelque peu léthargique de la sortie d’hibernation. Malgré les restrictions alimentaires et la perte de poids qu’impose le demi-sommeil hivernal, elle lui semble toujours aussi grande, aussi puissante que la première fois qu’il l’a vue, un an plus tôt, sa grosse tête balançant au rythme de ses pas, du mouvement de ses épaules ourlées de fourrure. Les premières semaines de printemps, ils sont encore faibles, peu réactifs, lui a expliqué Marcel, c’est le bon moment pour s’en approcher sans risque – et des ours, il en a chassé, il a l’habitude, le vieux. Elle dégage pourtant déjà une impression de grande force.
Et maintenant, Jules retient sa respiration, se concentre pour rester immobile, et il prie avec ardeur pour que son odeur soit suffisamment camouflée par celle de la terre, l’humus dans lequel il baigne, qu’elle ne le sente pas, il prie pour que tout se déroule comme dans ses plans, ses rêves. Il suffirait d’un souffle de vent mal orienté. Elle a disparu de son champ de vision, soudain. Il attend quelques minutes, seuls les oiseaux et une brise dans les feuilles, le craquement des branches sous son torse, à chacune de ses respirations, perturbent le silence.
Il attend, attend encore un peu, imaginant l’ourse s’éloigner nonchalamment, gratter le tronc d’un arbre mort, se plonger dans la dégustation de larves d’insectes avec délectation.
Puis vient le moment, il le sent. Il se redresse doucement, déplie son corps centimètre par centimètre, regarde de droite à gauche, et s’avance vers l’entrée de la tanière, comme si une force extérieure, un instinct l’y guidaient plus qu’une décision raisonnée.
Commenter  J’apprécie          298





Ont apprécié cette citation (28)voir plus




{* *}