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Citation de babel95


Après, il a fallu se dépêcher parce que le soir tombait déjà. On a quitté Agadez au moment où les lumières de la ville commençaient à vaciller du haut de leurs réverbères rouillés et on s'est enfoncés dans le grand nulle part.
Au début, on a bien croisé quelques véhicules fantômes sur le ruban d'asphalte, et puis Mahdi a soudain donné un coup de volant vers la gauche pour sortir de la route, ralentissant à peine. Le temps de passer en mode quatre roues motrices dans un grondement de moteur et d'avoir prise sur le sable fuyant, il s'est dirigé plein ouest, vers le soleil couchant. Devant nous, dans une atmosphère lumineuse et changeante, s'étendaient des espaces de sable sans fin.
Sur l'horizon, à des dizaines de kilomètres dans le lointain, des parois montagneuses passaient lentement de l'orange au rouge puis au mauve ; j'ai eu l'impression de sortir des limites du monde. J'ai ouvert la bouche dans l'intention de dire quelque chose, mais comme je n'ai pas trouvé les mots, elle est restée ouverte dans le vide, à gober de la poussière. Ma tête se balançait en rythme au gré des cahots de la piste et du bruit du moteur.
Je ne sais plus quand Mahdi a lancé son radio-cassette, mais le côté répétitif de la musique touareg m'a donné le coup de grâce. Vaincues par le crépuscule, mes paupières sont tombées. J'ai senti Papa me passer un taguelmoust, un long foulard, autour du cou, et j'ai laissé reposer mon crâne sur l'appuie-tête. Je n'avais pas connu une si douce somnolence depuis que j'étais bébé.
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