Citations de Claudine Bertrand (33)
Personne à l’horizon
Qu’est-ce qu’un cœur
dans un carnet
Un silence creuse l’écriture
et lui fait une âme
Personne à l’horizon
le nom n’a pas d’apparence
Qui fait du bruit
n’a pas de bouche amoureuse
Les mains jettent des paysages
un lac tombe dans mes yeux
Sur la page des légendes
Lettre après lettre
J’épelle ton nom
S’endormant sur ma paume
Le temps s’ajuste
À une autre cadence
Une bouche soupire
S’estompe le jour
Dans le soir naissant
Se pose entre les filets du silence
Pourquoi Vézelay, extrait - p. 28
Est-ce amour
Est-ce amour que tout cela qui nous relie au corps à corps loin du ventre dévoreur ? Quel temps faut-il au temps pour que la fièvre bout à nouveau dans le sang et que les sens courent sous la peau ?
Je partirai j'irai au plus près de votre présence qui cruellement fait défaut.
On cogne à la fenêtre
comment accueillir le signe
qui tente de se rapprocher ?
Tant de lumière
D’étoiles filtrées
En vase cinéraire
Jouir nébuleuses
Pourtant s’insurgent
Brise et bruine
Orage des mots
Tous creux tus
En elle ruissellent
Et mouvante s’écrie
Au pouls des empreintes
Jamais plus conjuguées
MILLE SERMENTS SUR L’OREILLER…
Extrait 2
Autour du lit
gestes insatiables
pour panser l’obscurité
Tes mains étrangent les plis du corps
font entrevoir de larges horizons
dans l’entrecuisse
je te supplie
de ramener le soleil à l’ombre
Certains villages
cachent les vaudous
dans les herbages fauves
Voyelle à double tranchant
bat son plein
s’allonge les hanches
Qui est cette femme
disposée à s’offrir
en poésie
Le jour prochain
on meurt en lui
La larme du silence
tranche la langue
Rage enlacée aux doigts
Explosions
dérobées à l’instant
en chute libre
Déferle par vagues
D’âme à hauteur d’âme
Passage du poème
Mine de rien
Fendre l’air
Mers intérieures
Ancrer
Ma voix
En toi
Devant la fenêtre
des branches
enchevêtrées
et inextricables
comme son existence
Elle lit l'histoire
d'une héroïne
emprisonnée
Aperçoit une artiste
dessinant l'âme
de chaque feuille
[…] Pourquoi rien
pourquoi quelque chose
pour qui ces arbres
Et les mots
pourquoi les assembler
pourquoi pas
Les fleurs attendent
le bouquet
Et le sexe attend
le lever de l’aube
Laisse mon souffle devenir
le verbe de l’attente […]
MILLE SERMENTS SUR L’OREILLER…
Extrait 4
Souffle un vent
de démêlures et de liberté
en taxi-brousse
La langue devient feu
flamme et serpente
Seul le feu
peut lécher
sa propre langue
de Chazal
[…]
Un arbre-texte
De douleurs
À bout de branches
Ne s’agite
Qu’ici
Et dire que la plume
S’éprend et de l’été
Et du manuscrit
Exfoliant
Le sommeil du rêve
Des mirages s’allongent
En droit de cité
Empressés d’initier l’aube
À couper le souffle
Tremblant de laisser
Le temps se coaguler
De ses propres ailes
Toute vie rompue
Chair fragile du poème
Chutant sur épaule
À confusion
Langue roulée
De nos pensées
En catimini
Quelles sont les ruses
Qui donnent forme
Au secret si enivrant
Faute de mieux
Comment dire
Ainsi soit-elle
Devant la fin
Si hier n’était pas d’ici pressant
Quand demain serait-il
Encore et déjà
Aujourd’hui avant la lettre
Autant de questions
Nulle certitude
À prendre langage
Travers de jalousie
Comme à l’endroit
À l’envers
Formuler le récit
Découvrir l’amnésie
À mots voilés
Suspendues
À double tour
Lèvres vouées
De gré de force
Aux dialectes
Imprononcés
Ramifiant une à une
Les voyelles de trop
Qu'elles ne s'amuissent
Sur papilles d'ange
Dessiner une trame
Parfois une transe
Ce qui n'est qu'en soi
La poésie le dévoile
Et donne vision
De qui nous serons
En bordure de mer
l'intimité
crie sans bruit
Le ciel défait ma chevelure
délivre des sons
sur la plage offerte
On s'entoure d'un premier élan
celui qui coûte le plus
Le livre délayé
histoire du monde
au pilonnage
l'auteur perd pied
Du bout des ongles
la main fait décalque
près des pins parasols
je suis méditerranée
A l’entrée de la pagode
le dragon à neuf têtes
perce le ciel temporel
Noix d’arec
sur éventail de feuilles
le riz sanglote
Sans insister
un mince pinceau
saisit une faible trace
Dessin de voir
l’instant fugitif
éprouver le sablier